Guide d’introduction à NA

An Introductory Guide to NA

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Guide d’introduction à NA

Les Douze Étapes de Narcotiques Anonymes

  1. Nous avons admis que nous étions impuissants devant notre dépendance, que nous avions perdu la maîtrise de notre vie.
  2. Nous en sommes venus à croire qu’une puissance supérieure à nous-mêmes pouvait nous pendre la raison.
  3. Nous avons décidé de confier notre volonté et notre vie aux soins de Dieu tel que nous le concevions.
  4. Nous avons fait un inventaire moral sans peur et approfondi de nous-mêmes.
  5. Nous avons avoué à Dieu, à nous-mêmes et à un autre être humain la nature exacte de nos torts.
  6. Nous avons pleinement consenti à ce que Dieu élimine tous ces défauts de caractère.
  7. Nous lui avons humblement demandé de nous enlever nos déficiences.
  8. Nous avons dressé une liste de toutes les personnes que nous avions lésées et avons résolu de leur faire amende honorable.
  9. Nous avons directement fait amende honorable à ces personnes dans tous les cas où c’était possible, sauf lorsque cela pouvait leur nuire ou faire tort à d’autres.
  10. Nous avons poursuivi notre inventaire personnel et avons rapidement admis nos torts dès que nous nous en sommes aperçus.
  11. Nous avons cherché par la prière et la méditation à améliorer notre contact conscient avec Dieu, tel que nous le concevions, le priant seulement pour connaître sa volonté à notre égard et pour obtenir la force de l’exécuter.
  12. Ayant connu un éveil spirituel comme résultat de ces étapes, nous avons alors essayé de transmettre ce message aux dépendants et d’appliquer ces principes à tous les domaines de notre vie.

Les douze étapes et les douze traditions sont reproduites et adaptées avec l’aimable autorisation de AA World Services, Inc.

 

Copyright © 1991, 1992 by

Narcotics Anonymous World Services, Inc.

Tous droits réservés.

Published 1991. Enlarged 1992.

 

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NA Fellowship Approved

Traduction de littérature approuvée par la fraternité de NA

Narcotics Anonymous, NA Fellowship Approved et The NA Way

sont des marques déposées de

Narcotics Anonymous World Services, Incorporated.

ISBN 1-55776-270-8     French     2/13

WSO Catalog Item No. FR-1200

Les chapitres de ce livre sont une reproduction tirée de différents matériaux déjà publiés par Narcotics Anonymous World Services, Inc. Ils sont réimprimés ici dans leur intégralité. Les articles et leurs dates de droit d’auteur sont les suivants : La brochure Suis-je dépendant ou dépendante ? ( 1992 ). Bienvenue à Narcotiques Anonymes ( 1988 ). Pour le nouveau ( 1988 ). Un autre point de vue ( 1988 ). « Comment ça marche ? », chapitre quatre du livre intitulé Narcotiques Anonymes ( 1989, 2000 ). L’acceptation de soi (1988). Le parrainage, révisé  ( 1988, 2005 ). Acceptation, foi et engagement : le témoignage d’un dépendant ( 1988 ). Juste pour aujourd’hui ( 1988 ). Rester abstinent à l’extérieur ( 1993 ). Rétablissement et rechute, brochure publiée séparément ( 1988 ) ; son texte est aussi publié dans son intégralité dans le livret ( 1988, 2005 ) ainsi que dans le livre ( 1989, 2000 ) intitulé Narcotiques Anonymes.

Suis-je dépendant ou dépendante ?

Toi seul peut répondre à cette question.

Ce n’est peut-être pas si facile. Tout au long de notre consommation, nous nous sommes toujours dit : « Je suis maître de la situation. » Même si cela était vrai au début, ce n’est plus le cas maintenant. Les drogues ont pris le contrôle de notre vie. Nous vivions pour consommer et consommions pour vivre. Un dépendant est tout simplement un homme ou une femme dont la vie est dominée par la drogue.

Tu admets peut-être avoir un problème avec les drogues, mais tu ne te considères pas comme un dépendant. Nous avons tous des idées préconçues sur ce qu’est un dépendant. Il n’y a rien de honteux à être dépendant dès lors que l’on commence à faire des efforts pour s’en sortir. Si tu peux t’identifier à nos problèmes, tu peux peut-être t’identifier à notre solution. Les questions suivantes ont été rédigées par des dépendants en rétablissement dans Narcotiques Anonymes. Si tu n’es pas sûr d’être dépendant, prends le temps de les lire et réponds le plus honnêtement possible.

1. T’arrive-t-il de consommer seul ?

      

2. As-tu déjà substitué une drogue à une autre, pensant que ton problème était lié à une drogue en particulier ?

      

3. As-tu déjà manipulé un médecin ou menti pour obtenir une ordonnance ?

      

4. As-tu déjà volé de la drogue ou volé pour t’en procurer ?

      

5. Consommes-tu régulièrement de la drogue au réveil ou au coucher ?

      

6. As-tu déjà pris une drogue pour surmonter les effets d’une autre ?

      

7. Évites-tu les gens qui n’approuvent pas ta consommation de drogue ou les endroits où elle n’est pas acceptée ?

      

8. As-tu déjà consommé de la drogue sans savoir ce que c’était et l’effet qu’elle aurait sur toi ?

      

9. Ton travail ou tes résultats scolaires ont-ils été affectés par ta consommation ?

      

10. As-tu déjà été arrêté pour avoir consommé de la drogue ?

      

11. As-tu déjà menti sur la quantité que tu consommais ?

      

12. Est-ce que l’achat de drogue passe avant toutes tes responsabilités financières ?

      

13. As-tu déjà essayé d’arrêter ou de contrôler ta consommation ?

      

14. As-tu déjà fait un séjour en prison, à l’hôpital ou suivi une thérapie à cause de ta consommation ?

      

15. Est-ce que ta consommation de drogue affecte ton sommeil ou ton appétit ?

      

16. Est-ce que l’idée de manquer de drogue te fait peur ?

      

17. Penses-tu qu’il t’est impossible de vivre sans drogue ?

      

18. T’arrive-t-il de mettre ta raison en doute ?

      

19. La drogue rend-t-elle ta vie familiale malheureuse ?

      

20. As-tu déjà pensé que, sans drogue, tu n’arriverais pas à être accepté ou à t’amuser ?

      

21. Te sens-tu coupable, honteux, sur la défensive à propos de ta consommation ?

      

22. Penses-tu beaucoup à la drogue ?

      

23. Éprouves-tu des peurs irrationnelles ou indéfinissables ?

      

24. Ta consommation de drogue a-t-elle affecté tes relations sexuelles ?

      

25. As-tu déjà consommé des drogues autres que tes préférées ?

      

26. As-tu déjà consommé de la drogue en période de troubles émotifs ou de stress ?

      

27. As-tu déjà fait une overdose ?

      

28. Continues-tu à consommer malgré les conséquences négatives ?

Oui    

29. Penses-tu avoir un problème de drogue ?

      

« Suis-je dépendant ou dépendante ? » Toi seul peut répondre à cette question. Dans le questionnaire, nous avons tous répondu « oui » un certain nombre de fois. Ce nombre a moins d’importance que notre état intérieur et les effets de la dépendance sur notre vie.

Si le mot drogue n’apparaît pas dans certaines de ces questions, c’est que la dépendance est une maladie insidieuse qui affecte toute notre vie, même les domaines qui apparemment n’ont rien à voir avec la drogue. Les différentes drogues que nous avons consommées ont moins d’importance que la raison qui nous a poussés à les consommer et l’effet qu’elles ont eu sur nous.

La première fois que nous avons lu ces questions, l’idée que nous puissions être dépendants nous a fait peur. Certains d’entre nous ont essayé de repousser cette idée en disant :

« Oh, ces questions n’ont pas de sens! »

Ou

« Ce n’est pas la même chose pour moi. Je sais que je consomme de la drogue, mais je ne suis pas dépendant. Moi, mes vrais problèmes sont d’ordre émotif ou familial ou professionnel. »

Ou

« C’est juste une période difficile en ce moment. »

Ou

« Je serai capable d’arrêter quand je trouverai le partenaire idéal, le travail qui me convient, etc. ! »

Si tu es dépendant et que tu veux te rétablir, tu dois commencer par reconnaître que tu as un problème de drogue. En répondant honnêtement à ce questionnaire, tu pourras te rendre compte à quel point la consommation de drogue a rendu ta vie incontrôlable. Si on ne cherche pas à se rétablir, la dépendance est une maladie qui nous mène en prison, à l’hôpital ou à la morgue. Beaucoup d’entre nous se sont tournés vers Narcotiques Anonymes parce que la drogue ne leur procurait plus l’effet escompté. La dépendance détruit notre amour-propre, l’estime de nous, notre famille, les êtres qui nous sont chers et même notre goût de vivre. Si tu n’en es pas encore là, n’attends pas d’y être. L’expérience nous a appris que nous étions les artisans de notre propre malheur. Si tu veux de l’aide, tu peux la trouver dans la fraternité de Narcotiques Anonymes.

« C’est en cherchant une solution que nous avons découvert Narcotiques Anonymes. Vaincus, nous sommes arrivés à notre première réunion de NA sans savoir à quoi nous attendre. Après une ou plusieurs réunions, nous avons commencé à sentir que ces gens se souciaient de nous et étaient prêts à nous aider. Notre tête nous disait que nous n’y arriverions jamais, mais les membres de la fraternité nous ont donné de l’espoir en nous assurant que nous pouvions nous rétablir. Quel que soit ce que nous avons vécu ou pensé dans le passé, nous nous sommes aperçus que d’autres avaient eu les mêmes expériences. Entourés d’autres dépendants, nous avons compris que nous n’étions plus seuls. Nos réunions sont un lieu de rétablissement. C’est notre vie qui est en jeu. Nous avons découvert qu’en mettant le rétablissement en premier, le programme marche. Nous avons été confrontés à trois constatations troublantes :

    1. Nous sommes impuissants devant la dépendance et notre vie est incontrôlable.
    2. Bien que nous ne soyons pas responsables de notre maladie, nous sommes responsables de notre rétablissement.
    3. Nous ne pouvons plus reprocher aux gens, aux lieux et aux choses d’être responsables de notre dépendance. Nous devons faire face à nos problèmes et à nos émotions.

Le meilleur atout que nous possédons pour nous rétablir est le dépendant en rétablissement. »1

1 Narcotiques Anonymes, 1989, 2000, pp. 18, Van Nuys, California: Narcotics Anonymous World Services, Inc.

Bienvenue à Narcotiques Anonymes

Ce dépliant est destiné à répondre à certaines de vos questions concernant le programme de Narcotiques Anonymes. Notre message est très simple : nous avons découvert une façon de vivre sans drogue et sommes heureux de la partager avec toute personne souffrant d’un problème de drogue.

Bienvenue à votre première réunion de NA. Narcotiques Anonymes offre aux dépendants un mode de vie sans drogue. Si vous n’êtes pas certain d’être dépendant, ne vous en faites pas ; continuez d’assister à nos réunions. Vous aurez tout le temps qu’il faut pour vous décider.

Si vous êtes comme bon nombre d’entre nous lors de leur première réunion de NA, vous êtes sans doute très nerveux et vous pensez que tout le monde a les yeux tournés vers vous. Si c’est le cas, vous n’êtes pas seul. Beaucoup d’entre nous ont éprouvé la même chose. Il a souvent été dit : « Si votre estomac est complètement noué, vous êtes probablement au bon endroit. » Nous disons également que personne ne passe la porte de NA par erreur. Les personnes qui ne sont pas dépendantes ne passent pas leur temps à se demander si elles le sont. Elles n’y songent même pas. Si vous vous posez la question, vous pourriez bien être dépendant. Prenez le temps d’écouter le partage de nos expériences. Certaines de nos paroles trouveront peut-être un écho en vous. Il importe peu que vous ayez ou non consommé les drogues dont les autres parlent. Peu importe ce que vous avez consommé, vous êtes le bienvenus ici si vous voulez arrêter de de consommer de la drogue. La plupart des dépendants éprouvent les mêmes sentiments et c’est en mettant l’accent sur ce que nous avons en commun plutôt que sur nos différences que nous nous entraidons.

Vous vous sentez peut-être effrayés et désespérés. Vous pensez peut-être que ce programme, tout comme les autres moyens que vous avez essayés, ne sera pas efficace. Ou encore, vous pensez qu’il fonctionnera pour un autre, mais pas pour vous parce que vous vous sentez différent. La plupart d’entre nous ont réagi ainsi au début. D’une certaine façon, nous savions que nous ne pouvions continuer comme ça, mais nous ne savions pas comment arrêter et rester abstinents. Nous avions tous peur de renoncer à une chose qui avait pris une telle importance à nos yeux. C'est rassurant d’apprendre que tout ce qu’il faut pour devenir membre de NA, c’est le désir d’arrêter de consommer.

Au début, la plupart d’entre nous étions méfiants et craignaient d’essayer un nouveau mode de vie. La seule chose dont nous étaient sûrs, c’est que nos vieilles habitudes ne nous menaient plus nulle part. Même après être devenus abstinents, les choses n’ont pas changé immédiatement. Souvent, même nos activités habituelles comme conduire une voiture ou téléphoner nous semblaient effrayantes et bizarres, comme si nous étions devenus des étrangers à nos propres yeux. À ce moment-là, ce qui nous aide vraiment, c’est la fraternité et d’autres dépendants en rétablissement. Nous commençons à compter sur eux pour trouver le réconfort dont nous avons désespérément besoin.

Vous vous dites peut-être déjà : « Oui, mais… » ou « Et si… ? » Toutefois, malgré vos doutes, vous pouvez commencer par suivre ces quelques suggestions : assistez au plus grand nombre possible de réunions de NA, demandez à de plusieurs membres de NA leurs numéros de téléphone et utilisez-les régulièrement, surtout lorsque le besoin de consommer se fait violemment sentir, la tentation ne survient pas uniquement aux jours et aux heures des réunions. Nous sommes abstinents aujourd’hui parce que nous avons demandé de l’aide. Ce qui nous a aidé peut aussi vous aider. Donc, n’hésitez pas à appeler un autre dépendant en rétablissement.

Le seul moyen de ne pas retourner à la dépendance active est d’éviter de reprendre de la drogue une première fois. La chose la plus naturelle pour un dépendant est de consommer de la drogue. Afin de nous abstenir de consommer des subs- tances qui altèrent l’humeur et la pensée, nous devons subir une transformation radicale sur le plan physique, mental, émotionnel et spirituel. Les douze étapes de Narcotiques Anonymes nous offrent un moyen de changer. Ainsi que nous le disons : « Vous pouvez probablement devenir abstinents en vous contentant d’assister aux réunions. Par contre, si vous voulez rester abstinents et vous rétablir, vous devrez pratiquer les douze étapes. » Vous n’y parviendrez pas seul. Dans la fraternité de NA, nous nous soutenons les uns les autres dans nos efforts, pour apprendre et mettre en pratique un nouveau mode de vie qui nous permet de rester abstinents et en bonne santé.

Au cours de votre première réunion, vous ferez la connaissance de personnes abstinentes depuis plus ou moins longtemps. Vous vous demanderez alors, peut-être, comment elles ont fait pour demeurer abstinentes tout ce temps. Si vous continuez d’assister aux réunions de NA et si vous restez abstinents, vous finirez par comprendre comment ça marche. Il existe entre les dépendants abstinents un respect et une affection mutuels parce que nous avons tous dû surmonter les souffrances de la dépendance active. Nous nous aimons et nous aidons mutuellement à nous rétablir. Le programme de NA est un ensemble de principes spirituels qui, selon notre expérience, nous ont aidés à rester abstinents. Nous vous ferons beaucoup de suggestions mais nous n’exigerons rien de vous. Grâce à la fraternité, nous sommes en mesure de partager avec vous ce que nous avons découvert : un nouveau mode de vie. Nous savons que c’est seulement « en le partageant que nous conservons ce que nous avons. »

Donc, bienvenue ! Nous sommes heureux que vous nous ayez trouvés et espérons que vous déciderez de rester. Il est important que vous sachiez que Dieu sera mentionné au cours des réunions de NA Nous faisons en fait allusion à une puissance supérieure à nous-mêmes qui rend possible l’impossible. Nous avons découvert cette puissance ici, au sein de NA, dans le programme, dans les réunions et chez les membres. Voilà le principe spirituel qui nous a permis d’avancer. Nous sommes maintenant capables de vivre sans consommer un jour à la fois ; et lorsque cette journée est trop longue, alors cinq minutes à la fois. Nous pouvons réaliser ensemble ce qui nous paraissait impossible de faire seuls. Nous vous invvitons à utiliser notre force et notre espoir jusqu’à ce que vous découvriez en vous un peu de cette force et de cet espoir. Le jour viendra où vous voudrez peut-être, vous aussi, partager avec une autre personne ce qui vous a été donné sans conditions.

 

 

REVIENS, ÇA MARCHE !

 

Pour le nouveau

NA est une fraternité ou une association à but non lucratif, composée d’hommes et de femmes pour qui la drogue était devenue un problème majeur. Nous som- mes des dépendants en rétablissement. Nous nous réunissons régulièrement pour nous entraider à rester abstinents. Nous n’avons pas de frais d’admission ni de cotisations. La seule condition pour devenir membre est le désir d’arrêter de consommer.

Vous n’êtes pas obligé d’être abstinent la première fois que vous assistez à une réunion mais, par la suite, nous vous recommandons de continuer à venir et de venir abstinent. Il n’est pas nécessaire d’en arriver à une overdose ou à une sentence de prison pour obtenir l’aide de NA, ni de penser que la dépendance est un état désespéré dont on ne se rétablit pas. Il est possible, grâce au programme des douze étapes de Narcotiques Anonymes et au soutien des dépendants en rétablissement, de surmonter son désir de consommer de la drogue.

La dépendance est une maladie qui peut atteindre n’importe qui. Certains d’entre nous consommaient pour le plaisir, d’autres pour étouffer leurs émotions et les sentiments qu’ils vivaient. D’autres encore, qui souffraient d’une maladie physique ou mentale, ont développé une dépendance à l’égard des médicaments prescrits au cours de leur maladie. Certains d’entre nous consommaient de temps en temps pour faire comme les autres et se sont aperçus ensuite qu’ils n’étaient plus capables d’arrêter.

Nous sommes nombreux à avoir tenté de surmonter notre dépendance et à avoir connu un soulagement temporaire, mais nous retombions habituellement dans une dépendance encore plus grande qu’avant.

Peu importent les circonstances. Tout comme le diabète, la dépendance est une maladie continuelle et progressive. Nous sommes allergiques aux drogues. Et pour nous, l’issue est toujours la même : la prison, l’hôpital ou la morgue. Si vous n’avez plus de maîtrise sur votre vie et si vous voulez vivre sans être obligé d’avoir recours à la drogue, nous avons trouvé une façon de le faire. Voici les douze étapes de Narcotiques Anonymes, que nous pratiquons tous les jours pour nous aider à surmonter notre maladie.

  1. Nous avons admis que nous étions impuissants devant notre dépendance, que nous avions perdu la maîtrise de notre vie.
  2. Nous en sommes venus à croire qu’une puissance supérieure à nous-mêmes pouvait nous rendre la raison.
  3. Nous avons décidé de confier notre volonté et notre vie aux soins de Dieu tel que nous le concevions.
  4. Nous avons fait un inventaire moral, sans peur et approfondi de nous-mêmes.
  5. Nous avons avoué à Dieu, à nous-mêmes et à un autre être humain la nature exacte de nos torts.
  6. Nous avons pleinement consenti à ce que Dieu élimine tous ces défauts de caractère.
  7. Nous lui avons humblement demandé de nous enlever nos déficiences.
  8. Nous avons dressé une liste de toutes les personnes que nous avions lésées et avons résolu de leur faire amende honorable.
  9. Nous avons directement fait amende honorable à ces personnes dans tous les cas où c’était possible, sauf lorsque cela pouvait leur nuire ou faire tort à d’autres.
  10. Nous avons poursuivi notre inventaire personnel et avons promptement admis nos torts dès que nous nous en sommes aperçus.
  11. Nous avons cherché par la prière et la méditation à améliorer notre contact conscient avec Dieu, tel que nous le concevions, le priant seulement pour connaître sa volonté à notre égard et pour obtenir la force de l’exécuter.
  12. Ayant connu un éveil spirituel comme résultat de ces étapes, nous avons alors essayé de transmettre ce message aux dépendants et d’appliquer ces principes à tous les domaines de notre vie.

Arrêter simplement de consommer ne signifie pas que l’on soit rétabli. En s’abstenant de toute drogue ( l’alcool et la marijuana y compris ) nous sommes amenés à affronter des émotions que nous n’avions jamais réussi à assumer auparavant. Nous éprouvons des sentiments que nous étions incapables de ressentir par le passé. Nous devons en venir à affronter nos anciennes et nouvelles émotions au fur et à mesure qu’elles se présentent.

Nous apprenons à éprouver des émotions et à comprendre qu’elles ne peuvent nous nuire, à moins que nous y réagissions. Au lieu d’agir sous l’emprise d’une émotion que nous sommes incapables d’assumer, nous appelons un membre de NA. C’est en partageant avec quelqu’un que nous apprenons à surmonter ce que nous ressentons. Il y a des chances que cette personne ait connu une expérience semblable et puisse vous dire ce qui a marché pour elle. Souvenez-vous qu’un dépendant seul avec lui-même est en bien mauvaise compagnie.

Les douze étapes, de nouveaux amis, nos parrains et marraines sont tous là pour nous aider à affronter ces émotions. Dans NA, le partage des bons moments multiplie nos joies, celui des mauvais atténue nos peines. Pour la première fois, nous n’avons plus à vivre quoi que ce soit seuls. Maintenant que nous faisons partie d’un groupe, nous pouvons établir une relation avec une puissance supérieure qui sera toujours avec nous.

Nous vous recommandons de rechercher un parrain ou une marraine dès que vous aurez fait connaissance avec les membres de votre région. Le parrainage/marrainage est pour nous un privilège ; n’hésitez donc pas à demander à quelqu’un de vous parrainer/marrainer. Le parrainage/marrainage est une expérience gratifiante ( pour les deux ) ; nous sommes tous ici pour aider et être aidés. Nous, qui sommes en rétablissement, devons partager avec vous ce que nous avons appris, afin de continuer à vivre sans consommer et à progresser à l’intérieur du programme de NA.

Ce programme donne de l’espoir. Tout ce qu’il vous faut, c’est le désir d’arrêter de consommer et d’essayer ce nouveau mode de vie.

Assistez aux réunions, écoutez avec l’esprit ouvert, posez des questions, prenez des numéros de téléphone et utilisez-les. Demeurez abstinents, juste pour aujourd’hui.

Permettez-nous également de vous rappeler qu’il s’agit d’un programme anonyme et que votre anonymat sera respecté. « Nous ne voulons pas savoir ce que vous consommiez, ni en quelle quantité ni qui vous en procurait. Votre passé et les moyens dont vous disposez ne nous intéressent pas. Tout ce qui nous importe, c’est ce que vous désirez faire concernant votre problème et comment nous pouvons vous aider. »

Un autre point de vue

Il existe sans doute autant de définitions de la dépendance qu’il existe de façons de penser, et elles sont toutes fondées sur l’expérience personnelle et sur la recherche. Il n’est pas étonnant qu’elles présentent beaucoup de contradictions. Certaines semblent mieux convenir à certains groupes que d’autres. Si nous acceptions ce fait, nous devrions peut-être adopter un autre point de vue dans l’espoir de découvrir un dénominateur commun à toutes les dépendances, qui nous permette de communiquer entre nous. Si nous pouvions mieux nous entendre sur ce que la dépendance n’est pas, peut-être découvririons-nous plus facilement ce qu’elle est.

Peut-être serons-nous d’accord sur certains points fondamentaux.

1. La dépendance n’est pas la liberté. L’essence même de notre maladie ainsi que ses symptômes en sont la preuve. Nous, les dépendants, attachons beaucoup d’importance à la liberté personnelle, peut-être parce que nous la désirons tellement et la possédons si peu, à mesure que progresse notre maladie. Même en période d’abstinence, notre liberté est restreinte. Nous ne sommes jamais tout à fait certains que nos actions soient motivées par un désir conscient de nous rétablir ou un désir inconscient de recommencer à consommer. Nous cherchons à manipuler les gens et les situations et à contrôler toutes nos actions, leur enlevant ainsi toute la spontanéité qui caractérise la liberté. Nous ne sommes pas conscients que notre désir de contrôler provient de notre peur de perdre le contrôle. Cette peur, en partie fondée sur nos échecs et nos déceptions passés face aux difficultés de la vie, nous empêche de faire des choix significatifs qui, s’ils avaient été effectués, auraient dissipé cette peur même qui nous paralyse.

2. La dépendance n’est pas la croissance personnelle. Les habitudes monotones, imitatives, rituelles, compulsives et obsessionnelles qu’entraîne la dépendance active nous empêchent d’agir et de penser d’une manière appropriée ou sensée. La croissance personnelle se caractérise par l’effort créatif et le comportement réfléchi ; elle suppose la capacité de choisir, de se transformer et d’affronter la vie comme elle est.

3. La dépendance n’est pas la sociabilité.La dépendance nous isole des êtres, des lieux et des choses qui ne font pas partie de l’univers qui est le nôtre : celui de l’acquisition, de la consommation et de la recherche de nouvelles façons de continuer à consommer. Hostiles, pleins de rancœur, égocentriques et égoïstes, nous perdons tout intérêt pour l’extérieur à mesure que progresse notre maladie. Nous craignons et soupçonnons les personnes mêmes dont nous dépendons pour satisfaire nos besoins. Cette attitude imprègne chaque aspect de notre vie et tout ce qui ne nous est pas familier devient étrange et dangereux à nos yeux. Notre univers se rétrécit et nous nous confinons davantage dans l’isolement. Voilà peut-être la vraie nature de notre maladie.

Tous ces éléments pourraient peut-être se résumer ainsi…

4. La dépendance n’est pas une façon de vivre. Il est presque impossible de qualifier de façon de vivre le comportement intéressé, égocentrique, fermé et malade du dépendant. Au mieux, disons qu’il s’agit d’un mode de survie temporaire. Même dans cette vie limitée, l’attitude du dépendant l’accule au désespoir, à la destruction et à la mort.

Tout mode de vie fondé sur la recherche spirituelle semble exiger cela même dont est dépourvu le dépendant : la liberté, la sociabilité, l’action créative et la croissance personnelle.

La liberté donne un sens à la vie et en fait un processus de transformation et d’évolution. Le futur offre alors une possibilité plus réelle de réaliser ses désirs et de s’épanouir. Voilà certainement quelques unes des manifestations du progrès spirituel qui résulte de la pratique quotidienne des douze étapes de NA.

La sociabilité est une attitude qui tient compte des autres, une façon de reconnaître qu’ils sont aussi importants que nous. Il est difficile de dire si la sociabilité mène à l’empathie ou si c’est le contraire. Si nous acceptons l’empathie comme la capacité de se reconnaître dans les autres sans perdre sa propre identité, alors nous prenons conscience des similitudes qui existent entre nous. Si nous nous acceptons nous-mêmes, comment pouvons-nous rejeter les autres ? Ce sont ces ressemblances qui suscitent notre affection, tandis que l’intolérance résulte des différences que nous n’acceptons pas.

Le désir de grandir exige que nous fassions appel à notre liberté et à notre sociabilité pour nous entendre avec les autres. Nous sommes conscients que nous ne pouvons vivre seuls, que la croissance personnelle est aussi interpersonnelle. Afin de trouver un meilleur équilibre, nous remettons en question nos valeurs personnelles, sociales, spirituelles et matérielles ; cette évaluation semble nécessaire à l’acquisition de la maturité.

La dépendance active ne peut mener qu’à la folie, à la prison et à la mort. En revanche, dans le rétablissement, tout devient possible grâce à l’aide d’une puissance supérieure et aux étapes de NA.

L’action créative n’a rien de mystérieux même s’il s’agit d’un travail intérieur axé sur la reconstruction ou l’unification de nos personnalités troublées et déchirées. Souvent, il suffit d’écouter la petite voix ou l’intuition qui – nous le croyons – pourrait profiter aux autres et à nous-mêmes et d’agir spontanément. Voilà où entrent en jeu un grand nombre de principes fondamentaux. Nous sommes alors capables de prendre des décisions fondées sur des principes qui présentent une valeur réelle à nos yeux.

Le but des douze étapes de Narcotiques Anonymes devient apparent à mesure que nous découvrons que, grâce à une puissance supérieure telle que nous la concevons, notre respect envers nous- mêmes et notre assurance grandissent. Nous savons que nous ne sommes ni supérieurs ni inférieurs à personne ; ce qui compte, c’est d’être nous-mêmes. La liberté, la responsabilité de ce que nous sommes et de nos actes, deviennent primordiales pour nous. Nous devenons de plus en plus libres grâce à nos efforts quotidiens ; voilà notre action créative et elle est perpétuelle. La sociabilité, bien sûr, est à la source de toute croissance spirituelle. Elle confère une touche d’amour et d’affection à toutes nos actions. Ces trois objectifs, liberté, action créative et sociabilité, lorsqu’ils se manifestent dans le service au sein de la fraternité, sans recherche de récompense personnelle, apportent des transformations dont il est impossible de prévoir ou de contrôler l’aboutissement. En conséquence, le service est aussi une puissance qui nous dépasse et signifie beaucoup pour nous tous.

Ma gratitude s’exprime

quand je me soucie des autres

et que je partage

à la manière de NA

Comment ça marche ?

Si vous désirez ce que nous avons à offrir et voulez faire l’effort pour l’obtenir, vous êtes donc prêts à entreprendre certaines étapes. Voici les principes qui ont rendu possible notre rétablissement.

1. Nous avons admis que nous étions impuissants devant notre dépendance, que nous avions perdu la maîtrise de notre vie.

2. Nous en sommes venus à croire qu’une puissance supérieure à nous-mêmes pouvait nous rendre la raison.

3. Nous avons décidé de confier notre volonté et notre vie aux soins de Dieu tel que nous le concevions.

4. Nous avons fait un inventaire moral sans peur et approfondi de nous-mêmes.

5. Nous avons avoué à Dieu, à nous-mêmes et à un autre être humain la nature exacte de nos torts.

6. Nous avons pleinement consenti à ce que Dieu élimine tous ces défauts de caractère.

7. Nous lui avons humblement demandé de nous enlever nos déficiences.

8. Nous avons dressé une liste de toutes les personnes que nous avions lésées et avons résolu de leur faire amende honorable.

9. Nous avons directement fait amende honorable à ces personnes dans tous les cas où c’était possible, sauf lorsque cela pouvait leur nuire ou faire tort à d’autres.

10. Nous avons poursuivi notre inventaire personnel et avons promptement admis nos torts dès que nous nous en sommes aperçus.

11. Nous avons cherché par la prière et la méditation à améliorer notre contact conscient avec Dieu, tel que nous le concevions, le priant seulement pour connaître sa volonté à notre égard et pour obtenir la force de l’exécuter.

12. Ayant connu un réveil spirituel comme résultat de ces étapes, nous avons alors essayé de transmettre ce message aux dépendants et d’appliquer ces principes à tous les domaines de notre vie.

Cela semble considérable et il est certain que nous ne pouvons pas tout accomplir d’un seul coup. Nous ne sommes pas devenus dépendants en un jour ; alors, agissons, mais allons-y doucement !

Une chose plus que toute autre peut compromettre notre rétablissement, c’est une attitude d’indifférence ou d’intolérance envers les principes spirituels. Trois d’entre eux sont indispensables : l’honnêteté, l’ouverture d’esprit et la bonne volonté. Avec ces principes, nous sommes sur la bonne voie.

Nous pensons que notre approche de la maladie de la dépendance est tout à fait réaliste, car la valeur thérapeutique de l’aide apportée par un dépendant à un autre est sans égale. Nous croyons à l’efficacité de notre méthode parce qu’un dépendant est la personne la mieux placée pour en comprendre et en aider un autre. Selon nous, plus vite nous ferons face à nos problèmes quotidiens au sein de la société, plus vite nous en deviendrons des membres acceptables, responsables et productifs.

La seule façon de ne pas retourner à la dépendance active est d’éviter de reprendre de la drogue une première fois. Si vous êtes comme nous, vous savez bien qu’une fois c’est trop et mille fois jamais suffisant. Nous insistons beaucoup sur ce point, car nous savons que lorsque nous consommons de la drogue sous n’importe quelle forme ou que nous en substituons une à une autre, nous redonnons libre cours à notre dépendance.

Considérer l’alcool comme différent des autres drogues a conduit un grand nombre de dépendants à la rechute. Avant d’arriver à NA, beaucoup d’entre nous mettaient l’alcool dans une catégorie à part. Nous ne pouvons pas nous permettre d’illusions à ce sujet. L’alcool est une drogue. Nous sommes atteints de la maladie de la dépendance et, pour nous rétablir, nous devons nous abstenir de toute drogue.

Voici quelques questions que nous nous sommes posées : « Sommes-nous certains que nous voulons arrêter de consommer ? Comprenons-nous bien que nous n’avons aucun contrôle véritable sur la drogue ? Sommes-nous conscients du fait qu’au bout du compte, ce n’est pas nous qui consommions la drogue mais bien elle qui nous consommait ? Est-il déjà arrivé que les prisons ou les hôpitaux prennent le contrôle de notre vie ? Acceptons-nous pleinement que chacune de nos tentatives de devenir abstinents ou de contrôler notre consommation a échoué ? Savons-nous que notre dépendance a fait de nous quelqu’un que nous ne voulions pas être, c’est-à-dire une personne malhonnête, fourbe, obstinée, en contradiction avec elle-même et en désaccord avec ses semblables ? Croyons-nous vraiment que, en tant que consommateurs de drogues, nous avons perdu la partie ? »

Lorsque nous consommions, la réalité était devenue si douloureuse que nous préférions trouver refuge dans l’oubli. Nous avons essayé de dissimuler notre souffrance à notre entourage. Nous nous sommes isolés et nous nous sommes emmurés dans la solitude. À travers ce désespoir, nous avons cherché de l’aide dans Narcotiques Anonymes. Quand nous arrivons à NA, nous sommes physiquement, mentalement et spirituellement détruits. Nous souffrons depuis si longtemps que nous sommes prêts à tout faire pour rester abstinents.

Le seul espoir qui nous reste est de suivre l’exemple de ceux qui ont vécu le même problème que nous et ont trouvé un moyen de s’en sortir. Peu importe qui nous sommes, d’où nous venons et ce qu’a été notre passé, nous sommes acceptés dans NA. Notre dépendance est le dénominateur commun qui nous permet de nous comprendre les uns les autres.

Après avoir assisté à quelques réunions, nous commençons à avoir le sentiment d’appartenir à quelque chose. C’est au cours de ces réunions que nous découvrons les douze étapes de Narcotiques Anonymes. Nous apprenons à travailler les étapes dans l’ordre où elles ont été écrites et à nous en servir quotidiennement. Les étapes sont notre solution. Elles sont notre « trousse de survie ». Elles sont notre défense contre la dépendance qui est une maladie mortelle. Nos étapes sont les principes qui rendent notre rétablissement possible.

Première étape 

« Nous avons admis que nous étions impuissants devant notre dépendance, que nous avions perdu la maîtrise de notre vie. »

Peu importe la nature des drogues que nous consommions ou leur quantité, dans Narcotiques Anonymes, rester abstinent doit passer en premier. Nous nous rendons compte qu’il nous est impossible de vivre en continuant à consommer. Lorsque nous admettons notre impuissance et notre incapacité à maîtriser notre vie, nous nous ouvrons alors au rétablissement. Personne auparavant n’avait réussi à nous convaincre que nous étions dépendants. Nous devons l’admettre nous-mêmes. Si nous avons des doutes, nous n’avons qu’à nous poser la question suivante : « Suis-je capable de contrôler ma consommation de substances modifiant le comportement, quelles qu’elles soient ? »

La plupart des dépendants se rendront compte, dès qu’ils y penseront, qu’ils n’exercent aucun contrôle sur leur consommation. Nous découvrons en effet que nous sommes incapables de contrôler notre consommation, ne serait-ce que pour quelque temps.

Cela semble clairement indiquer que le dépendant n’exerce aucun contrôle sur sa consommation de drogue. L’impuissance signifie consommer malgré soi. Si nous ne pouvons arrêter de consommer, comment pouvons-nous prétendre être maîtres de la situation ? Cette incapacité d’arrêter de consommer, même avec la meilleure volonté du monde et la plus grande sincérité possible, est ce à quoi nous faisons allusion lorsque nous disons : « Nous n’avons absolument aucun choix. » Toutefois, après avoir cessé d’essayer de justifier notre consommation, nous avons alors le choix.

Nous n’étions pas débordants d’amour, d’honnêteté, d’ouverture d’esprit ou de bonne volonté lorsque nous avons connu la fraternité de NA. Nous étions rendus au point où la souffrance physique, mentale et spirituelle nous empêchait de continuer à consommer. Ce n’est qu’une fois vaincus que nous sommes devenus consentants.

Notre incapacité à restreindre notre consommation est un symptôme de la maladie de la dépendance. Nous ne sommes pas seulement impuissants face à la drogue, mais le sommes également face à notre dépendance. Nous devons reconnaître cela avant de pouvoir nous rétablir. La dépendance est une maladie à la fois physique, mentale et spirituelle qui touche tous les domaines de notre vie.

L’aspect physique de cette maladie se manifeste par l’usage compulsif des drogue, c’est-à-dire l’incapacité d’arrêter après avoir commencé. L’aspect mental de notre maladie est l’obsession, ce désir irrésistible de consommer même lorsque nous sommes en train de détruire notre vie. Quant à l’aspect spirituel, c’est notre égocentrisme total. Nous avons toujours cru pouvoir arrêter de consommer quand bon nous semblerait, en dépit de l’évidence du contraire. Le déni, la substitution, la rationalisation, la justification, la méfiance, la culpabilité, la honte, la dégradation, la déchéance, l’isolement et la perte de contrôle sont tous des effets de notre dépendance. Notre maladie est progressive, incurable et mortelle. La plupart d’entre nous, cependant, sont soulagés d’apprendre qu’ils souffrent d’une maladie et non d’une déficience morale.

Nous ne sommes pas responsables de notre maladie, mais nous sommes responsables de notre rétablissement. La plupart d’entre nous ont tenté d’arrêter de consommer par eux-mêmes, mais ont découvert qu’ils ne pouvaient pas vivre avec ou sans drogue. Finalement, nous nous sommes rendu compte que nous étions impuissants devant notre dépendance.

Un grand nombre d’entre nous ont essayé d’arrêter par leur seule volonté, mais cela ne s’est avéré qu’une solution temporaire. Nous nous sommes rendu compte qu’avec notre seule volonté, cela ne durait pas. Puis nous avons essayé d’autres solutions comme la psychiatrie, l’hospitalisation, les centres de traitement, les liaisons amoureuses, d’autres villes, de nouveaux emplois. Tous ces essais se sont soldés par un échec. Nous avons alors commencé à réaliser que, afin de justifier le gâchis que nous avions fait de notre vie avec la drogue, nous avions rationalisé les pires absurdités.

Tant que nous n’avons pas abandonné nos réserves, quelles qu’elles soient, la base même de notre rétablissement est menacée. Elles nous empêchent de profiter pleinement des bienfaits du programme. En nous débarrassant de toutes réserves, nous capitulons. C’est alors seulement que nous pouvons recevoir l’aide nécessaire pour nous rétablir de la maladie de la dépendance.

Ceci nous amène à nous poser la question suivante : « Si nous sommes impuissants, comment Narcotiques Anonymes peut-il nous aider ? » Nous commençons par demander de l’aide. Admettre que nous n’avons aucun pouvoir face à notre dépendance est le principe fondamental de notre programme. Dès que nous parvenons à accepter ce principe de base, nous avons accompli la première partie de la première étape.

Mais pour que la base de notre rétablissement soit solide, nous devons admettre une deuxième chose. Si nous nous arrêtons ici, nous n’aurons en effet découvert qu’une partie de la vérité, et nous sommes passés maîtres dans l’art de manipuler la vérité. Nous disons d’une part : « C’est vrai, je suis impuissant devant ma dépendance. » et d’autre part : « Dès que ça ira mieux, j’arriverai à contrôler ma consommation. » Une telle façon de penser et d’agir nous a ramenés à la dépendance active. Il ne nous est jamais venu à l’esprit de demander : « Si nous n’avons pas la maîtrise de notre dépendance, comment pouvons-nous avoir celle de notre vie ? » Sans drogue, nous étions malheureux et notre vie était incontrôlable.

L’incapacité de travailler, la déchéance et la destruction sont généralement considérées comme les caractéristiques d’une vie incontrôlable. Nos familles sont déçues, déroutées et troublées par nos actes et souvent elles nous désavouent ou nous abandonnent. Cependant, le fait d’avoir un travail, d’être accepté par la société et réconcilié avec notre famille ne nous rend pas la maîtrise de notre vie. Le fait d’être acceptable aux yeux de la société n’est pas synonyme de rétablissement.

Nous avons donc découvert que nous n’avions plus le choix : nous devions changer complètement notre façon de penser ou consommer à nouveau. Si nous faisons de notre mieux, cela marche pour nous comme cela a marché pour les autres. Lorsque nos vieux comportements nous sont devenus insupportables, nous avons commencé à changer. À partir de ce moment-là, nous avons commencé à nous rendre compte que chaque jour sans consommer est un jour qui est réussi, qu'importe les autres événements de la journée. Capituler signifie ne plus avoir à se battre. Nous acceptons notre dépendance et la vie telle qu’elle est. Nous sommes disposés à faire tout ce qui est nécessaire pour rester abstinents, même les choses que nous n’aimons pas faire.

Avant de faire la première étape, nous étions remplis de peur et de doute. Beaucoup se sentaient alors perdus, désorientés. Nous avions l’impression d’être différents. En travaillant cette étape, nous capitulons et manifestons notre abandon aux principes de NA. Nous ne commençons à surmonter les effets aliénants de notre maladie qu’à la suite de cette capitulation. En effet, le dépendant ne peut être secouru avant de s’avouer complètement vaincu. Cela peut faire peur mais ce sont les fondations sur lesquelles nous avons construit notre vie.

La première étape signifie que nous ne sommes pas obligés de consommer, et c’est une grande liberté. Certains parmi nous ont mis du temps à constater qu’ils avaient perdu la maîtrise de leur vie ; pour d’autres, c’était la seule chose dont ils étaient sûrs. Au fond de nous-mêmes, nous savions que la drogue avait le pouvoir de nous transformer en ce que nous ne voulions pas être.

En étant abstinents et en travaillant la première étape, nous sommes libérés de nos chaînes. Toutefois, aucune des étapes ne fonctionne par magie. Il ne nous suffit pas de dire les mots de cette étape, nous devons apprendre à les vivre. Nous voyons par nous-mêmes que le programme a quelque chose à nous offrir.

Nous avons retrouvé l’espoir. Nous pouvons apprendre à fonctionner dans le monde où nous vivons. Nous pouvons découvrir un but et un sens à la vie, et être sauvés de la folie, de la dépravation et de la mort.

Quand nous admettons notre impuissance et notre incapacité à maîtriser notre vie, nous permettons à une puissance supérieure d’entrer dans notre vie et de nous aider. Ce qui compte, ce n’est pas où nous étions mais où nous allons.

Deuxième étape 

« Nous en sommes venus à croire qu’une puissance supérieure à nous-mêmes pouvait nous rendre la raison. »

La deuxième étape est nécessaire si nous espérons parvenir à un rétablissement durable. La première étape nous laisse avec un besoin de croire en quelque chose qui puisse nous aider face à nos sentiments d’impuissance, d’inutilité et de désarroi.

La première étape a créé un vide dans notre vie. Nous avons besoin de trouver quelque chose pour combler ce vide et c’est l’objet de la deuxième étape.

Au début, certains d’entre nous n’ont pas pris cette étape au sérieux ; ils ont sauté par-dessus sans trop s’en préoccuper pour percevoir que les étapes suivantes ne marcheraient pas tant qu’ils n’auraient pas travaillé la deuxième étape. Même quand nous admettions que nous avions besoin d’aide pour résoudre notre problème de drogue, beaucoup d’entre nous n’étaient pas prêts à admettre que la foi et la raison étaient ce dont ils avaient besoin.

Nous avons une maladie progressive, incurable et mortelle. D’une manière ou d’une autre, nous sortions acheter notre destruction, inexorablement. Du « junkie » dérobant des sacs à main à l’aimable petite dame d’un certain âge sonnant chez deux ou trois médecins pour obtenir ses ordonnances légales, nous avons tous une chose en commun : nous recherchons notre destruction, une dose à la fois, quelques pilules à la fois ou une bouteille à la fois, jusqu’à ce que mort s’ensuive. Voilà en partie du moins ce qu’est la folie de la dépendance. Si le prix de la maladie peut sembler plus élevé pour un dépendant qui se prostitue pour un « fix » que pour celui qui se contente de mentir à son médecin, au bout du compte les deux payent de leur vie. La folie, c’est répéter les mêmes erreurs et s’attendre à des résultats différents.

En arrivant au programme, beaucoup d’entre nous se rendent compte qu’ils avaient souvent recommencé à consommer même s’ils étaient conscients qu’ils détruisaient leur vie. La folie, c’est consommer de la drogue jour après jour en sachant que seule la destruction physique et mentale en résulte. La folie la plus évidente de la maladie de la dépendance, c’est l’obsession de consommer de la drogue.

Arrêter un passant dans la rue pour lui demander : « Donnez-moi, s’il vous plaît, une crise cardiaque ou un accident mortel ? » serait-il, d’après vous, quelque chose de sensé ? Si, effectivement, vous trouvez cela absurde, la deuxième étape ne devrait vous poser aucun problème.

Dans ce programme, la première chose que nous faisons, c’est d’arrêter de consommer de la drogue. À partir de là, nous commençons à ressentir la douleur de vivre sans drogue ou tout ce qui pourrait la remplacer. La souffrance nous pousse à rechercher une puissance supérieure à nous-mêmes, capable de nous libérer de notre obsession de consommer.

Le cheminement qui nous amène à croire est semblable pour la plupart des dépendants. Ce qui manquait à la plupart d’entre nous était une relation efficace avec une puissance supérieure. Nous commençons à développer cette relation en admettant simplement l’existence possible d’une puissance supérieure à nous-mêmes. La plupart d’entre nous n’ont pas de difficultés à admettre que la dépendance était devenue une force destructrice dans leur vie. Nos meilleurs efforts n’ont abouti qu’à l’escalade dans la destruction et le désespoir. À un certain point, nous avons réalisé que nous avions besoin de l’aide d’une puissance supérieure à notre dépendance. Notre compréhension d’une puissance supérieure ne dépend que de nous, personne ne peut nous imposer la sienne. Nous pouvons l’appeler le groupe, le programme ou nous pouvons l’appeler Dieu. Les seuls critères suggérés sont que cette puissance nous aime, se soucie de nous et soit supérieure à nous-mêmes. Nous n’avons pas besoin d’avoir la foi religieuse pour accepter cette idée. Ce qui importe, c’est d’ouvrir notre esprit à la possibilité de croire. Cela peut nous sembler difficile, mais en gardant l’esprit ouvert, tôt ou tard, nous trouverons l’aide dont nous avons besoin.

Nous avons parlé avec d’autres dépendants et les avons écoutés. Nous en avons vu se rétablir et ils nous ont dit ce qui marchait pour eux. Nous avons commencé à voir des signes d’une certaine puissance qu’on ne pouvait expliquer totalement. Confrontés à de tels signes, nous avons commencé à accepter l’existence d’une puissance supérieure à nous-mêmes, et pouvons y recourir bien avant de la comprendre.

À mesure que nous voyons coïncidences et miracles se produire dans notre vie, l’acceptation se transforme en confiance. Nous en venons à être à l’aise avec l’idée de notre puissance supérieure comme source de force. En apprenant à faire confiance à cette puissance, nous commençons à surmonter notre peur de la vie.

En venir à croire est ce qui nous rend la raison. La force de passer à l’action vient de cette croyance. Nous avons besoin d’accepter cette étape pour nous engager sur le chemin du rétablissement. Quand notre foi a grandi, nous sommes prêts pour la troisième étape.

Troisième étape

« Nous avons décidé de confier notre volonté et notre vie aux soins de Dieu tel que nous le concevions. »

En tant que dépendants, nous avons confié de nombreuses fois notre volonté et notre vie à une puissance destructrice. Notre volonté et notre vie étaient sous le contrôle de la drogue. Nous étions pris au piège du besoin d’obtenir le plaisir immédiat que nous procurait la drogue. Durant cette période de notre vie, tout notre être physique, mental et spirituel était dominé par la drogue. Ce plaisir a duré quelque temps, certes, puis les effets euphoriques de la drogue se sont dissipés et nous avons connu le côté sombre de la dépendance. Nous avons découvert qu’au paradis artificiel de la drogue succédait l’enfer de la souffrance physique et morale. Nous n’avions qu’une alternative : endurer les effets douloureux du sevrage ou consommer davantage.

Pour nous tous, le jour est venu où nous n’avions plus le choix : nous devions consommer. Ayant confié notre vie et notre volonté à notre dépendance, nous avons, dans un désespoir total, cherché une autre solution. Dans Narcotiques Anonymes, nous prenons la décision de confier notre volonté et notre vie aux soins de Dieu, tel que nous le concevons. Il s’agit là d’un pas de géant. Il n’est pas nécessaire d’appartenir à une religion pour faire cette étape. La seule condition requise est la bonne volonté. L’essentiel est d’ouvrir la porte à une puissance supérieure à nous-mêmes.

La conception que nous avons de Dieu n’est pas dogmatique mais nous vient plutôt de ce que nous croyons et de ce qui fonctionne pour nous. Pour beaucoup, Dieu est tout simplement la force qui leur permet de rester abstinents. Chaque personne a le droit de croire, en toute liberté, en un Dieu de sa compréhension, et parce que nous avons ce droit, nous devons faire preuve d’honnêteté dans notre croyance pour grandir sur le plan spirituel.

Nous avons découvert qu’essayer était tout ce que nous avions besoin de faire. Lorsque nous avons donné le meilleur de nous-mêmes, le programme a fonctionné pour nous, tout comme pour un grand nombre de dépendants avant nous. La troisième étape ne dit pas : « Nous avons confié notre volonté et notre vie aux soins de Dieu », elle dit : « Nous avons décidé de confier notre volonté et notre vie aux soins de Dieu tel que nous le concevions. » Nous avons pris cette décision. Elle n’a pas été prise pour nous par la drogue, notre famille, un officier de probation, un juge, un thérapeute ou un médecin. Nous seuls l’avons prise ! Depuis que nous avons ressenti pour la première fois l’euphorie de la drogue en nous, nous avons pris une décision pour nous-mêmes.

Le mot décision implique de passer à l’action. Cette décision est fondée sur la foi. Il nous suffit de croire que le miracle que nous voyons opérer dans la vie des dépendants abstinents, peut se produire chez tout dépendant ayant le désir de changer. Nous prenons simplement conscience du fait qu’il existe un principe de croissance spirituelle pouvant nous aider à devenir plus tolérants, plus patients et plus utiles pour aider les autres. Beaucoup d’entre nous ont dit : « Prends ma volonté et ma vie. Guide-moi dans mon rétablissement. Montre-moi comment vivre. » Le soulagement obtenu lorsque nous « lâchons prise et laissons Dieu agir » nous aide à bâtir une vie qui vaut la peine d’être vécue.

S’en remettre à la volonté de notre puissance supérieure devient plus facile par une pratique quotidienne. Lorsque nous essayons honnêtement, nous constatons que c’est efficace. Beaucoup d’entre nous commencent leur journée en demandant simplement à leur puissance supérieure de les guider.

Même si nous savons que le fait de « s’en remettre à une puissance supérieure » fonctionne, il peut encore nous arriver de reprendre le contrôle de notre volonté et de notre vie. Le fait que Dieu le permette peut même nous mettre en colère. Parfois, au cours de notre rétablissement, la décision de demander l’aide de Dieu est notre plus grande source de force et de courage. Nous ne pourrons jamais prendre cette décision trop souvent. Nous nous abandonnons calmement à Dieu, tel que nous le concevons, et le laissons prendre soin de nous.

Au début, nous étions assaillis par les questions suivantes : « Qu’arrivera-t-il lorsque je confierai ma vie ? Deviendrai-je parfait ? » Il se peut également que nous ayons été plus réalistes. Certains d’entre nous ont dû se tourner vers un membre de NA plus expérimenté et lui demander comment il avait vécu cette étape. La réponse étant différente d’un membre à l’autre. La plupart d’entre nous croient que l’ouverture d’esprit, la bonne volonté et l’abandon sont les clés de cette étape.

Nous avons confié notre volonté et notre vie aux soins d’une puissance supérieure à nous-mêmes. Si nous sommes consciencieux et sincères, nous constaterons une amélioration. Nos craintes diminuent et notre foi commence à grandir au fur et à mesure que nous découvrons la véritable signification de l’abandon. Nous n’avons plus à nous battre contre la peur, la colère, la culpabilité, l’apitoiement sur nous ou la dépression. Nous prenons conscience que la puissance qui nous a amenés au programme est encore avec nous et continuera de nous guider, si nous le voulons bien. Nous commençons lentement à nous libérer de la peur paralysante du désespoir. Pour nous convaincre de la valeur de cette étape, il suffit d’en constater les effets dans notre manière de vivre.

Nous en sommes venus à aimer vivre sans consommer et désirons davantage ce que la fraternité de NA nous réserve de bon. Nous savons maintenant que nous ne pouvons pas faire de pause dans notre cheminement spirituel ; nous voulons tout ce que nous pouvons obtenir de ce programme.

Maintenant nous sommes prêts à faire une première évaluation honnête de nous-mêmes et nous commençons la quatrième étape.

Quatrième étape

« Nous avons fait un inventaire moral sans peur et approfondi de nous-mêmes. »

L’objet d’un inventaire moral sans peur et approfondi est de faire le tri dans la confusion et les contradictions de notre vie afin de découvrir qui nous sommes vraiment. Nous débutons dans un nouveau mode de vie et avons besoin de nous débarrasser des fardeaux et des pièges qui nous ont empêchés de grandir.

En abordant cette étape, la plupart d’entre nous ont peur d’avoir un monstre en eux qui, s’il est relâché, les détruira à coup sûr. Cette peur peut nous faire remettre à plus tard notre inventaire ou nous empêcher d’entreprendre cette étape cruciale. Nous avons découvert que la peur est un manque de foi et nous avons trouvé un Dieu personnel qui nous aime et vers qui nous pouvons nous tourner. Nous n’avons plus à avoir peur.

Nous avons été des experts de la rationalisation et de l’aveuglement à l’égard de nous-mêmes. En écrivant notre inventaire, nous pouvons surmonter ces obstacles. Un inventaire écrit révélera des parties de notre subconscient qui restent cachées lorsque nous nous contentons de réfléchir à ce que nous sommes ou que nous nous contentons d’en parler. Lorsque c’est écrit noir sur blanc, il est beaucoup plus facile de voir notre vraie nature et beaucoup plus difficile de la nier. L’évaluation honnête de ce que nous sommes est un des fondements de notre nouvelle façon de vivre.

Regardons les choses en face : lorsque nous consommions, nous n’étions pas honnêtes envers nous-mêmes. Nous commençons à être honnêtes avec nous-mêmes quand nous admettons que la dépendance nous a vaincus et que nous avons besoin d’aide. Il nous a fallu du temps pour admettre que nous étions battus et nous avons découvert qu’il en faut également pour se rétablir physiquement, mentalement et spirituellement. La quatrième étape nous aidera dans notre rétablissement plus que nous ne pouvons l’imaginer. La plupart d’entre nous découvrent qu’ils n’étaient ni aussi monstrueux ni aussi merveilleux qu’ils le croyaient. Au cours de notre inventaire, nous sommes étonnés de découvrir que nous avons de bons côtés. Tous ceux qui ont une certaine expérience de ce programme et qui ont travaillé la quatrième étape, vous diront qu’elle a marqué un tournant dans leur vie.

Certains d’entre nous commettent l’erreur d’aborder la quatrième étape comme s’ils devaient avouer à quel point ils sont horribles et quelles mauvaises personnes ils ont été. Dans ce nouveau mode de vie, ce genre d’épanchement excessif peut être dangereux et ce n’est pas le but de la quatrième étape. Nous cherchons plutôt à nous libérer de nos anciens comportements devenus inutiles. Nous faisons la quatrième étape pour grandir et obtenir de la force et de la lucidité. Il existe plusieurs façons de l’aborder.

En premier lieu, les première, deuxième et troisième étapes sont la préparation nécessaire pour obtenir la foi et le courage d’écrire un inventaire sans peur. Avant de commencer, il est recommandé de les revoir avec son parrain ou sa marraine. Nous devenons plus à l’aise dans notre compréhension de ces étapes. Nous nous permettons de nous sentir bien dans ce que nous entreprenons. Pendant longtemps, nous nous sommes débattus et cela ne nous a menés nulle part. Maintenant, nous lâchons prise et commençons la quatrième étape. Nous ne laissons pas la peur nous arrêter. Nous mettons cette étape sur le papier, au mieux de notre capacité d’aujourd’hui.

Nous devons en avoir fini avec le passé, ne pas nous y cramponner. Nous voulons le regarder en face, le considérer d’une façon réaliste, puis nous en libérer afin de vivre le présent. Pour la majorité d’entre nous, le passé est comme un fantôme dans un placard que nous craignons d’ouvrir de peur de ce que pourrait nous faire ce fantôme. Mais nous n’avons pas à être seuls devant notre passé. Notre volonté et notre vie sont maintenant entre les mains de notre puissance supérieure.

Écrire un inventaire minutieux et honnête semblait impossible, et cela l’était lorsque nous ne comptions que sur nos propres forces. Maintenant, nous nous accordons un moment de calme avant d’écrire et demandons la force d’être sans peur et minutieux.

Dans la quatrième étape, nous commençons à établir le contact avec nous-mêmes. Nous détaillons les éléments de notre passif : culpabilité, honte, remords, apitoiement sur notre sort, ressentiment, colère, dépression, frustration, confusion, isolement, angoisse, sentiments d’avoir été trahis, désespoir, échec, peur et déni.

Nous écrivons sur les choses qui nous dérangent ici et maintenant. Nous avons tendance à penser de façon négative, et le fait d’écrire nous permet de jeter un regard positif sur ce qui se passe.

Le deuxième volet de cette comptabilité personnelle est, bien sûr, notre actif et ceci est indispensable pour obtenir une image précise et complète de nous-mêmes. À ce point, la plupart d’entre nous éprouvent de grandes difficultés parce qu’ils n’arrivent pas à accepter le fait qu’ils ont des qualités. Néanmoins, nous en avons tous et beaucoup ont été récemment acquises dans le programme, entre autres, l’abstinence, l’ouverture d’esprit, la conscience de la présence d’un Dieu, l’honnêteté envers les autres, l’acceptation, la capacité d’agir positivement, le partage, la bonne volonté, le courage, la foi, la sollicitude, la reconnaissance, la bonté et la générosité. Normalement, notre inventaire comporte aussi des éléments concernant nos relations affectives.

Nous passons en revue les actes de notre passé et notre comportement présent pour voir ce que nous voulons garder et ce dont nous voulons nous débarrasser. Personne ne nous oblige à renoncer à notre souffrance. Cette étape a la réputation d’être difficile ; en réalité, elle est assez simple.

Nous écrivons notre inventaire sans penser à la cinquième étape. Nous travaillons la quatrième étape comme s’il ne devait pas y avoir de cinquième. La façon dont nous écrivons, seuls ou entourés de gens, importe peu ; il s’agit de choisir la formule qui nous convient. Nous pouvons écrire beaucoup ou peu selon le besoin. Une personne d’expérience peut nous aider. L’important, c’est d’écrire un inventaire moral. Si le mot moral nous gêne, nous pouvons l’appeler inventaire positif/négatif.

La seule façon de faire un inventaire, c’est de l’écrire. Ce n’est pas en y pensant, en en parlant et en émettant des théories à son sujet que nous mettrons notre inventaire par écrit. Nous nous asseyons devant un cahier, demandons à être guidés, prenons un stylo et commençons à écrire. Tout ce qui nous vient à l’esprit est matière d’inventaire. Lorsque nous prenons conscience du peu que nous avons à perdre et de tout ce que nous avons à gagner, nous commençons cette étape.

En règle générale, nous pouvons écrire trop peu mais jamais trop. L’inventaire s’adaptera à celui qui le fait. Cet inventaire peut sembler difficile, douloureux, voire impossible. Nous pouvons craindre qu’être en contact avec nos émotions ne déclenche une avalanche de douleurs et de paniques. Nous pouvons être tentés d’esquiver l’inventaire par peur de l’échec. Lorsque nous ne voulons pas tenir compte de nos émotions, la tension devient intolérable et la peur d’une catastrophe imminente surpasse notre peur de l’échec.

Procéder à l’inventaire devient un soulagement, car le faire est moins douloureux que ne pas le faire. Nous apprenons que la douleur peut être un facteur de motivation dans notre rétablissement. Affronter l’inventaire devient donc inévitable. Chaque thème des réunions d’étapes semble se rapporter à la quatrième étape ou à l’inventaire quotidien. Grâce au processus de l’inventaire, nous sommes capables de nous occuper de tout ce qui peut s’accumuler. Plus nous vivons notre programme, plus Dieu semble nous mettre dans des situations où des questions non réglées resurgissent. Lorsque que cela se produit, nous écrivons à leur sujet. Nous commençons à apprécier notre rétablissement, car nous avons un moyen de nous débarrasser de la honte, de la culpabilité ou du ressentiment.

Le stress qui était en nous s’évanouit. Le fait d’écrire soulèvera le couvercle de notre « marmite ». Nous décidons si nous voulons en servir le contenu, refermer le couvercle dessus ou bien jeter le tout. Nous n’avons plus à y mijoter.

Nous nous asseyons avec un cahier et un stylo, et demandons à Dieu de nous aider à mettre en évidence les défauts qui causent notre souffrance. Nous prions pour obtenir le courage d’être sans peur et minutieux, afin que cet inventaire puisse nous aider à mettre de l’ordre dans notre vie. Lorsque nous prions et passons à l’action, les choses vont toujours mieux pour nous.

Nous ne deviendrons pas parfaits. Si nous le pouvions, nous ne serions pas des êtres humains. L’important est de faire de notre mieux. Nous utilisons les outils dont nous disposons et acquérons la capacité de survivre à nos émotions. Nous ne voulons rien perdre de ce que nous avons acquis, nous voulons continuer à avancer dans le programme. Notre expérience montre que notre inventaire, si minutieux et approfondi soit-il, reste sans effet durable s’il n’est pas suivi rapidement d’une cinquième étape tout aussi approfondie.

Cinquième étape


« Nous avons avoué à Dieu, à nous-mêmes et à un autre être humain la nature exacte de nos torts. » 

La cinquième étape est la clé de la liberté. Elle nous permet de vivre dans le présent sans consommer. Partager la nature exacte de nos torts nous libère et nous ouvre à la vie. Après avoir fait une quatrième étape minutieuse, nous avons à nous occuper de ce que notre inventaire nous a fait découvrir. On nous dit que si nous gardons ces défauts pour nous, ils nous ramèneront à la consommation. Nous accrocher à notre passé finirait par nous dégoûter et nous empêcher de vraiment prendre part à notre nouveau mode de vie. Si nous ne sommes pas honnêtes en faisant notre cinquième étape, nous obtiendrons des résultats identiques à ceux que nous a valus la malhonnêteté dans le passé.

La cinquième étape nous suggère d’avouer à Dieu, à nous-mêmes et à un autre être humain la nature exacte de nos torts. Nous avons considéré nos torts, examiné nos comportements et commencé à apercevoir les aspects plus profonds de notre maladie. Maintenant, nous nous asseyons avec une autre personne et partageons notre inventaire de vive voix.

Notre puissance supérieure nous accompagnera durant notre cinquième étape. Nous recevrons de l’aide et nous pourrons faire face non seulement à nous-mêmes mais à une autre personne. De prime abord, il ne semblait pas nécessaire d’avouer la nature exacte de nos torts à notre puissance supérieure. « Dieu sait déjà tout cela », pensions-nous. Bien qu’il le sache déjà, l’aveu doit venir de notre propre bouche pour être vraiment efficace. La cinquième étape n’est pas une simple lecture de la quatrième.

Pendant des années, nous avons évité de nous voir tels que nous étions vraiment. Nous avions honte de nous-mêmes et nous nous sentions isolés du reste du monde. Maintenant que nous avons cerné la part honteuse de notre passé, nous pouvons l’éliminer si nous y faisons face et si nous l’admettons. Il serait malheureux d’avoir écrit tout cela pour le ranger ensuite dans un tiroir. Ces défauts grandissent lorsque nous les gardons sous silence et meurent lorsque nous les étalons au grand jour.

Avant d’arriver à Narcotiques Anonymes, nous avions l’impression que personne ne pourrait comprendre les choses que nous avions faites. Nous avions peur qu’en nous montrant tels que nous étions, nous serions rejetés à coup sûr. La majorité des dépendants se sentent mal à l’aise face à cette crainte. Nous reconnaissons avoir manqué de réalisme à cet égard. Les autres membres de NA nous comprennent, il n’y a pas à en douter.

Nous devons choisir avec soin la personne qui écoutera notre cinquième étape. Nous devons nous assurer qu’elle est au courant de ce que nous faisons et pourquoi nous le faisons. Bien qu’il n’existe pas de règles définies quant à ce choix, il est important que cette personne ait toute notre confiance. Seule une confiance entière en l’intégrité et la discrétion de cette personne pourra nous donner l’envie de faire cette étape à fond. Certains préfèrent choisir un parfait étranger ; d’autres, par contre, se sentent plus à l’aise avec un membre de Narcotiques Anonymes. Nous savons qu’un autre dépendant est moins susceptible de nous juger avec méchanceté ou de mal nous comprendre.

Lorsque notre choix est fait et que nous nous retrouvons seuls avec cette personne, nous commençons, avec son appui, à lui partager le contenu de notre cinquième étape. Nous voulons être déterminés, honnêtes et minutieux, car nous nous rendons compte que c’est une question de vie ou de mort.

Cherchant un moyen de ne pas remuer des sentiments profonds, certains ont essayé de cacher en partie la vérité sur leur passé. D’autres, l’ayant mis sur le papier, peuvent penser qu’ils en ont fait assez. Nous ne pouvons pas nous permettre ces erreurs. Cette étape a pour effet de mettre à nu nos motifs et nos actions, et nous ne pouvons pas nous attendre à ce que ces choses se révèlent d’elles-mêmes. Nous finissons, cependant, par surmonter notre gêne et nous pouvons éviter la culpabilité future.

Nous évitons de remettre ce travail à plus tard. Nous devons être précis. Nous voulons dire la vérité, sans plus, et dès que possible. Par ailleurs, nous devons prendre garde de ne pas exagérer nos torts, et il est tout aussi dangereux de minimiser ou de rationaliser notre responsabilité dans les événements passés. Après tout, « faire bonne figure » demeure encore très important pour nous.

Les dépendants ont tendance à mener des vies secrètes. Nous avons passé de nombreuses années à camoufler le peu d’estime de nous-mêmes derrière de fausses images qui, nous l’espérions, tromperaient les gens. Malheureusement, nous trompions plus nous-mêmes que les autres. Même si nous apparaissions souvent sûrs de nous et attirants, nous étions en réalité des personnes chancelantes et anxieuses. Les masques doivent tomber. Nous partageons notre inventaire tel qu’il est écrit, sans rien omettre. Nous continuons d’aborder cette étape honnêtement et minutieusement jusqu’à la fin. C’est un grand soulagement de se débarrasser de tous nos secrets et de partager le poids de notre passé.

Habituellement, lorsque nous partageons cette étape avec notre interlocuteur, ce dernier nous confiera également une partie de son expérience personnelle. Nous découvrons que nous ne sommes pas uniques. Nous voyons par l’acceptation de notre confident que nous pouvons être acceptés tels que nous sommes.

Il se peut que nous ne puissions jamais nous rappeler toutes nos erreurs passées. Nous devons, cependant, y consacrer le meilleur effort possible. Nous commençons alors à éprouver de véritables sentiments personnels de nature spirituelle. Alors que, jusque-là, nous n’avions que des théories spirituelles, nous commençons maintenant à nous éveiller à une réalité spirituelle. Ce premier examen personnel révèle ordinairement certains traits de notre personnalité qui ne nous sont pas particulièrement agréables. Mais ce n’est qu’en les dévoilant et en leur faisant face que nous pouvons arriver à les considérer de façon constructive. Nous ne pouvons pas faire de tels changements seuls. Nous aurons besoin de l’aide de Dieu, tel que nous le concevons, et de la fraternité de Narcotiques Anonymes.

Sixième étape

« Nous avons pleinement consenti à ce que Dieu élimine tous ces défauts de caractère. » 

Pourquoi demander quelque chose avant d’être prêts à le recevoir ? Ce serait nous préparer des ennuis. Nous, les dépendants, avons si souvent cherché à bénéficier des fruits d’un travail difficile sans le moindre effort. La bonne volonté est ce que nous essayons d’obtenir dans la sixième étape. La sincérité avec laquelle nous travaillerons cette étape sera proportionnelle à notre désir de changement.

Voulons-nous vraiment nous défaire de nos ressentiments, de notre colère, de notre peur ? Beaucoup d’entre nous s’accrochent à leurs peurs, leurs doutes, leur dégoût d’eux-mêmes ou leur haine, car il y a une certaine sécurité perverse dans la douleur familière. Il peut sembler plus sécurisant de s’accrocher à ce qu’on connaît plutôt que de le laisser aller pour l’inconnu.

Lâcher prise sur nos défauts de caractère doit se faire d’une manière décisive. Nous souffrons, car ce qu’ils exigent de nous mine nos forces. Là où nous étions orgueilleux, nous nous rendons compte que l’arrogance ne suffit plus. Si nous ne sommes pas humbles, nous serons humiliés. Si nous avons tendance à être avides, nous nous rendrons compte que nous ne sommes jamais satisfaits. Avant de faire la quatrième et la cinquième étape, nous pouvions nous complaire dans la peur, la colère, la malhonnêteté ou l’apitoiement sur nous. Maintenant, nous complaire dans ces défauts de caractère diminue notre capacité de penser logiquement. L’égoïsme devient un lien destructif intolérable qui nous enchaîne à nos mauvaises habitudes. Nos défauts nous font perdre notre temps et nous vident de notre énergie.

Nous examinons l’inventaire effectué lors de notre quatrième étape et considérons avec soin les conséquences de ces défauts dans notre vie. Nous commençons à vouloir nous en libérer. Par la prière ou par un autre moyen, nous devenons disposés, prêts et aptes à laisser Dieu éliminer ces éléments destructeurs. Pour rester abstinents, il faut que notre personnalité change. Nous voulons changer !

Il nous faut aborder nos anciens défauts avec un esprit ouvert. Nous en sommes conscients et pourtant nous commettons toujours les mêmes erreurs et sommes incapables de rompre avec nos mauvaises habitudes. Nous sommes venus chercher dans la fraternité le genre de vie que nous voulons pour nous-mêmes. Nous demandons à nos amis : « Avez-vous lâché prise ? » Presque sans exception, ils répondent : « Oui, au mieux de notre capacité. » Quand nous voyons l’emprise de nos défauts sur notre vie et quand nous les acceptons, nous pouvons cesser de nous accrocher à eux et progresser dans notre nouvelle vie. Nous voyons que nous grandissons lorsque nous faisons de nouvelles erreurs au lieu de répéter les anciennes.

Lorsque nous travaillons la sixième étape, il est important de nous rappeler que nous sommes des êtres humains et que nos attentes envers nous-mêmes devraient être réalistes. C’est une étape de bonne volonté. La bonne volonté en est le principe spirituel. La sixième étape nous aide à prendre une direction spirituelle. Comme nous sommes des êtres humains, nous ne prendrons pas toujours la bonne piste.

À ce stade, la révolte est un défaut de caractère qui peut nous nuire. Nous n’avons pas besoin de perdre la foi lorsque nous nous rebellons. Nous pouvons surmonter, par un effort constant, l’indifférence ou l’intolérance que la révolte peut faire surgir en nous. Nous continuons à demander de la bonne volonté. Nous pouvons douter que Dieu nous soulagera ou craindre que les choses tournent mal. Nous demandons à un autre membre de NA qui nous répondra que nous sommes exactement où nous sommes censés être. Nous redevenons disposés à ce que nos défauts nous soient enlevés. Nous acceptons de suivre les suggestions simples qu’offre le programme. Même si nous ne sommes pas entièrement prêts, nous allons dans le bon sens.

Finalement, la foi, l’humilité et l’acceptation remplacent l’orgueil et la révolte. Nous en venons à nous connaître. Nous nous apercevons que nous acquérons une plus grande maturité d’esprit. Nous commençons à nous sentir mieux à mesure que notre consentement se transforme en espoir. Nous entrevoyons alors, peut-être pour la première fois, ce que pourrait être notre nouvelle vie. Avec cela en vue, nous mettons notre bonne volonté en action et passons à la septième étape.

 

Septième étape

« Nous lui avons humblement demandé de nous enlever nos déficiences. » 

Les défauts de caractère ou déficiences sont ces choses qui nous ont causés souffrance et détresse toute notre vie. S’ils avaient réellement contribué à notre santé et à notre bonheur, nous n’aurions pas atteint un tel état de désespoir. Nous avons dû nous disposer à ce que Dieu, tel que nous le concevions, nous enlève ces défauts.

Ayant décidé que nous voulons que Dieu nous libère des aspects inutiles et destructifs de notre personnalité, nous sommes maintenant arrivés à la septième étape. Nous ne pouvions pas faire face à l’épreuve de la vie par nous-mêmes. Ce n’est qu’après avoir fait un véritable gâchis de notre vie que nous nous sommes rendu compte que nous ne pouvions pas y arriver seuls. En admettant cela, nous avons fait un pas vers l’humilité. C’est là l’ingrédient principal de la septième étape. L’humilité résulte de l’honnêteté envers soi-même. Nous la mettons en pratique depuis la première étape. Nous avons accepté notre dépendance et notre impuissance. Nous avons découvert une force au-delà de nous-mêmes et nous avons appris à lui faire confiance. Nous avons fait l’examen de notre vie et nous avons découvert qui nous étions réellement. Être véritablement humbles, c’est accepter et honnêtement essayer d’être nous-mêmes. Aucun d’entre nous n’est entièrement bon ni entièrement mauvais. Nous sommes des gens avec des défauts et des qualités et, pardessus tout, nous sommes humains.

Pour rester abstinents, l’humilité est tout aussi indispensable que l’eau et la nourriture le sont pour rester en vie. Plus notre dépendance progressait, plus nous mettions d’énergie à satisfaire nos désirs matériels. Tous les autres besoins étaient hors de notre portée. Nous recherchions toujours la satisfaction de nos désirs fondamentaux.

La septième étape est une étape d’action et c’est le moment de demander à Dieu aide et soulagement. Nous devons comprendre que notre façon de penser n’est pas la seule, d’autres personnes peuvent nous donner des directives. Lorsque quelqu’un met le doigt sur une de nos déficiences, notre première réaction peut être défensive. Nous devons comprendre que nous ne sommes pas parfaits, et qu’il y aura toujours place pour l’amélioration. Si nous voulons vraiment être libres, nous prendrons le temps de considérer attentivement ce que d’autres dépendants nous indiquent. Si les déficiences que nous découvrons en nous sont réelles et que nous avons la possibilité d’en être débarrassés, nous ressentirons sûrement une impression de bien-être.

Certains voudront se mettre à genoux pour cette étape. D’autres seront très calmes, d’autres encore déploieront beaucoup d’émotions pour montrer leur intense bonne volonté. Le mot humble s’applique parce que nous approchons cette puissance supérieure à nous-mêmes pour lui demander la liberté de vivre sans les limitations de nos vieilles habitudes. Beaucoup d’entre nous sont prêts à travailler cette étape sans réserve, avec une foi aveugle, parce qu’ils en ont assez de ce qu’ils ont fait et de comment ils se sentent. Quelle que soit la méthode, nous allons jusqu’au bout.

Voilà notre voie vers le progrès spirituel. Nous changeons chaque jour ; graduellement et prudemment, nous sortons de l’isolement et de la solitude pour entrer dans le courant de la vie. Ce progrès n’est pas le résultat d’un souhait mais bien de l’action et de la prière. Le but principal de la septième étape est de nous sortir de nous-mêmes et de nous efforcer d’accomplir la volonté de notre puissance supérieure.

Si nous sommes négligents ou si le sens spirituel de cette démarche nous échappe, il est possible que nous éprouvions des difficultés et que de vieux problèmes reviennent à la surface. Être trop exigeants envers nous-mêmes peut aussi être dangereux.

Le partage avec d’autres dépendants en rétablissement nous aidera à éviter de nous prendre trop au sérieux. Accepter les défauts des autres nous aide à devenir humbles et nous prépare à être libérés de nos propres défauts. Dieu agit souvent à travers ceux qui se soucient assez du rétablissement pour nous aider à prendre conscience de nos déficiences.

Nous avons remarqué que l’humilité joue un rôle important dans ce programme et dans notre nouveau mode de vie. Nous faisons notre inventaire, consentons à ce que Dieu élimine nos défauts de caractère et nous lui demandons de nous enlever nos déficiences. Voici notre voie vers le progrès spirituel et nous souhaitons la poursuivre. Nous sommes prêts pour la huitième étape.

Huitième étape

« Nous avons dressé une liste de toutes les personnes que nous avions lésées et avons résolu de leur faire amende honorable. »

C’est à la huitième étape que nous mettons à l’épreuve notre humilité nouvellement acquise. Notre but est de nous libérer du sentiment de culpabilité qui nous a accablés jusqu’ici. Nous voulons regarder le monde en face sans peur ni agressivité.

Sommes-nous prêts à dresser une liste de toutes les personnes que nous avons lésées pour dissiper les sentiments de peur et de culpabilité que renferme notre passé ? Notre expérience montre que nous devons nous disposer à le faire avant que cette étape ne donne un résultat.

La huitième étape n’est pas facile ; elle exige un nouveau genre d’honnêteté dans nos relations avec les autres. La huitième étape entame un processus de pardon : nous pardonnons aux autres, qui peut-être nous pardonneront et finalement, nous nous pardonnons et nous apprenons comment vivre dans ce monde. Une fois rendus à cette étape, comprendre importe plus qu’être compris. Il nous sera plus facile de vivre et de laisser vivre quand nous saurons dans quel domaine nous devons faire amende honorable. Cela nous semble difficile maintenant, mais une fois que nous l’aurons fait, nous nous demanderons pourquoi nous ne l’avons pas fait plus tôt. Nous avons besoin d’une grande honnêteté avant de pouvoir dresser une liste exacte. Pour préparer la liste de la huitième étape, il est utile tout d’abord de définir ce qu’on entend par « léser ». Léser quelqu’un signifie lui causer un dommage physique ou mental. Léser veut également dire infliger de la douleur, faire souffrir ou causer une perte. Le dommage peut avoir été causé par quelque chose qui a été dit, fait ou qui n’a pas été fait. Le tort peut résulter de paroles ou d’actions, intentionnelles ou non. La gravité du tort peut varier considérablement ; nous pou- vons avoir causé un simple malaise, tout comme nous pouvons avoir infligé des blessures physiques ou même la mort.

La huitième étape nous confronte à un problème. Beaucoup d’entre nous ont de la difficulté à admettre qu’ils ont lésé les autres parce qu’ils se croyaient victimes de leur dépendance. Il est essentiel d’éviter cette rationalisation lors de la huitième étape. Nous devons faire la distinction entre ce qui nous a été fait et ce que nous avons fait aux autres. Nous abandonnons toutes nos justifications et l’idée que nous sommes des victimes. Nous avons souvent l’impression de n’avoir fait de mal qu’à nous-mêmes ; pourtant, nous nous classons habituellement en dernier sur la liste, si même nous nous incluons. Cette étape est le travail pratique en vue de réparer le désastre de notre vie.

Ce n’est pas en jugeant les fautes des autres que nous deviendrons meilleurs, mais en faisant le ménage dans notre vie. Ceci nous permettra de nous débarrasser de notre sentiment de culpabilité et nous nous sentirons mieux. En dressant cette liste, nous ne pouvons plus nier que nous avons fait du mal. Nous admettons que nous avons lésé les autres, directement ou indirectement, par action, mensonge, promesse non tenue ou négligence.

Nous faisons notre liste ou l’extrayons de notre quatrième étape, et ajoutons d’autres personnes à mesure qu’elles nous viennent à l’esprit. Nous regardons cette liste honnêtement, nous examinons sans réticence nos fautes afin de nous disposer à faire amende honorable.

Dans certains cas, nous ne saurons peut-être pas exactement à qui nous avons fait du tort. La plupart de ceux qui nous ont connus risquent d’avoir été lésés. De nombreux membres de NA mentionnent leurs parents, leurs conjoints, leurs enfants, leurs amis, leurs amants, d’autres dépendants, des connaissances, des camarades de travail, des employeurs, des professeurs, des propriétaires et de parfaits étrangers. Nous pouvons aussi nous placer sur la liste parce qu’en nous adonnant à notre dépendance, nous étions en train de nous suicider à petit feu. Il peut s’avérer plus pratique de faire une liste distincte des personnes à qui nous devons un dédommagement financier.

Comme pour toutes les étapes, il nous faut être minutieux. Dans la majorité des cas, il nous arrive bien plus souvent de ne pas atteindre nos objectifs que de les dépasser. Nous devons quand même terminer cette étape. Nous ne pouvons attendre indéfiniment de l’achever sous prétexte que nous ne sommes pas sûrs que notre liste soit complète. De toute manière, elle ne le sera jamais.

La dernière difficulté de la huitième étape, c’est de la distinguer de la neuvième. S’imaginer comment pourraient se dérouler les amendes honorables que nous avons à faire, peut constituer un obstacle majeur à l’établissement de la liste et une entrave à notre bonne volonté. Nous faisons cette étape comme s’il n’y avait pas de neuvième étape. Nous ne pensons même pas à faire amende honorable. Nous nous concentrons seulement sur ce que dit la huitième étape : dresser une liste et se résoudre à faire amende honorable. L’apport principal de cette étape est de nous aider à prendre conscience petit à petit que notre attitude envers nous-mêmes et envers les autres est en train de changer.

Écouter attentivement les autres membres partager leur expérience de cette étape peut dissiper toute confusion quant à la préparation de notre liste. De plus, notre parrain peut partager avec nous ce qu’il a retiré de la huitième étape. En posant des questions au cours d’une réunion, nous pourrons également profiter de la conscience de groupe.

Notre vie, auparavant dominée par la culpabilité et le remords, est grandement changée par cette huitième étape. Notre avenir est transformé parce que nous n’avons plus besoin d’éviter ceux que nous avons lésés. À la suite de cette étape, nous obtenons une nouvelle liberté qui peut mettre un terme à l’isolement. En prenant conscience de notre besoin d’être pardonnés, nous devenons plus aptes à pardonner nous-mêmes. Au moins, nous savons que nous ne cherchons plus intentionnellement à empoisonner la vie des autres.

La huitième étape est une étape d’action. Comme toutes les étapes, elle procure des bienfaits immédiats. Nous sommes maintenant libres de commencer à faire amende honorable dans la neuvième étape.

Neuvième étape

« Nous avons directement fait amende honorable à ces personnes dans tous les cas où c’était possible, sauf lorsque cela pouvait leur nuire ou faire tort à d’autres. »

Cette étape ne devrait pas être évitée car, cela pourrait mener à une rechute. L’orgueil, la peur ou la tendance à tout remettre au lendemain semblent souvent être des barrières infranchissables qui entravent le progrès et la croissance. L’important, c’est d’agir et d’être prêt à accepter les réactions des personnes que nous avons lésées. Nous faisons amende honorable du mieux que nous le pouvons.

Le choix du moment est une partie essentielle de cette étape. Nous devrions faire amende honorable à la première occasion, sauf si cela devait causer encore plus de tort. Parfois, nous ne pouvons pas faire amende honorable parce que ce n’est ni possible ni pratique. Dans certains cas, l’amende pourrait être au-delà de nos moyens. L’expérience nous montre que la bonne volonté peut remplacer l’action dans les cas où il nous est impossible de trouver la personne que nous avons lésée. Toutefois, nous ne devrions jamais éviter de contacter quelqu’un à cause de la gêne, de la peur ou de la tendance à tout remettre au lendemain.

Nous voulons nous libérer de notre culpabilité, mais nous ne voulons pas le faire aux dépens de quelqu’un d’autre. Dans nos démarches pour faire amende honorable, nous pourrions courir le risque de compromettre malencontreusement une tierce personne ou quelqu’un que nous fréquentions à l’époque où nous consommions de la drogue, et qui préfère garder dans l’ombre cette partie de sa vie. Nous n’avons ni le droit ni le besoin de mettre quelqu’un d’autre en danger. Dans de tels cas, il est souvent nécessaire de suivre les directives des autres.

Nous recommandons de confier les problèmes juridiques à des avocats, les problèmes financiers ou médicaux à des professionnels de ces domaines. Pour apprendre à vivre du mieux possible, il faut, entre autres, apprendre à reconnaître quand nous avons besoin d’aide.

Il peut subsister un conflit irrésolu dans certaines de nos anciennes relations. Nous agissons de notre côté pour résoudre ces anciens conflits en faisant nos amendes honorables. Nous voulons nous éloigner de possibles antagonismes et ressentiments. Dans de nombreux cas, nous ne pouvons que rencontrer la personne et lui demander humblement de comprendre nos fautes passées. Ce sera parfois un moment heureux, lorsque, de bonne grâce, un vieil ami ou un membre de la famille sera disposé à abandonner toute amertume. Prendre contact avec quelqu’un qui souffre encore des conséquences de nos mauvaises actions peut être dangereux. Faire amende honorable indirectement sera peut-être nécessaire dans les cas où une action directe pourrait être risquée ou mettre en danger d’autres personnes. Nous faisons nos amendes honorables au mieux de notre capacité. Nous essayons de nous rappeler que lorsque nous faisons cela, nous le faisons pour nous-mêmes. Relativement à notre passé, nous nous sentons soulagés et non plus coupables et pleins de remords.

Nous acceptons que nos actes ont entraîné notre comportement inqualifiable. La neuvième étape nous aide à surmonter notre culpabilité et aide les autres à surmonter leur colère. Parfois, la seule amende honorable que nous pouvons faire est de rester abstinents. Nous nous le devons ainsi qu’à nos proches. Nous ne sommes plus en train de tout bousiller dans la société à cause de notre consommation. Parfois aussi, la seule façon que nous avons de faire amende honorable est par une contribution positive à la société. Maintenant, nous nous aidons nous-mêmes et nous aidons d’autres dépendants à se rétablir. C’est une façon formidable de dédommager l’ensemble de la société.

Au cours de notre rétablissement, nous recouvrons la raison. Or, cette santé de l’esprit consiste en partie à savoir entretenir de bonnes relations avec les autres. Nous avons moins souvent tendance à considérer les gens comme une menace pour notre sécurité. Un sentiment de réelle sécurité remplace le mal physique et la confusion mentale que nous avions connus dans le passé. Avec humilité et patience, nous prenons contact avec ceux à qui nous avons fait du tort. Beaucoup parmi ceux qui nous souhaitaient sincèrement du bien auront de la difficulté à croire que notre rétablissement est véritable. Nous devons nous souvenir de la souffrance qu’ils ont endurée. Avec le temps, beaucoup de miracles se produiront. Ceux d’entre nous qui s’étaient séparés de leur famille réussissent, dans bien des cas, à établir de nouvelles relations avec elle. À la longue, il devient plus facile pour nos familles d’accepter le changement en nous. La durée de notre abstinence parle d’elle-même. La patience est un élément important de notre rétablissement. L’amour inconditionnel que nous ressentons renouvellera notre volonté de vivre et à chacun de nos gestes positifs correspondra une occasion inespérée. Il faut beaucoup de courage et de foi pour faire amende honorable, et il en résulte un grand progrès spirituel.

Nous sommes en train de nous libérer des ruines de notre passé. Nous voudrons garder nos « affaires » en ordre en poursuivant un inventaire personnel continu avec la dixième étape.

Dixième étape

« Nous avons poursuivi notre inventaire personnel et avons promptement admis nos torts dès que nous nous en sommes aperçus. » 

La dixième étape nous libère des ruines de notre présent. Si nous ne restons pas conscients de nos défauts, ils peuvent nous entraîner dans une impasse dont nous ne pourrons sortir abstinents.

Une des premières choses que nous apprenons dans Narcotiques Anonymes est que, si nous consommons, nous sommes perdants. De la même manière, nous ne souffrirons pas autant si nous pouvons éviter les choses qui nous causent de la souffrance. Continuer à faire un inventaire personnel signifie que nous acquérons l’habitude d’examiner notre conduite, nos attitudes et nos relations avec les autres de manière régulière.

Nous sommes des êtres gouvernés par l’habitude et susceptibles de retomber dans nos anciennes façons de penser et de réagir. Parfois, il peut nous sembler plus facile de continuer dans notre vieille routine autodestructrice plutôt que de nous engager dans une voie nouvelle et apparemment dangereuse. Nous n’avons plus à être prisonniers de nos anciens comportements. Aujourd’hui, nous avons le choix.

La dixième étape peut nous aider à corriger nos erreurs et empêcher qu’elles se reproduisent dans notre vie. Nous examinons nos actions pendant la journée. Certains d’entre nous préfèrent mettre leurs impressions par écrit, expliquant ce qu’ils ont ressenti et le rôle qu’ils ont pu jouer dans les difficultés qui se sont présentées. Avons-nous lésé quelqu’un ? Avons-nous besoin d’admettre que nous avons eu tort ? Si nous sommes en présence d’un problème, nous faisons un effort pour le régler. Lorsque nous ne nous occupons pas de ces choses-là, elles finissent par s’envenimer.

Cette étape peut nous défendre contre notre ancienne folie. Nous pouvons nous demander si nous ne sommes pas de nouveau attirés par nos vieux comportements de colère, de ressentiment ou de peur. Nous sentons-nous pris au piège ? Sommes-nous en train de nous mettre dans le pétrin ? Sommes-nous trop en colère ? Avons-nous trop faim ? Nous sentons-nous trop seuls ou trop fatigués ? Nous prenons-nous trop au sérieux ? Est-ce que nous estimons comment nous nous sentons intérieurement par rapport à l’apparence extérieure des autres ? Souffrons-nous de problèmes d’ordre physique ? Les réponses à ces questions peuvent nous aider à régler les difficultés du moment. Nous n’avons plus besoin de vivre avec la sensation constante d’avoir un vide intérieur. Nos principaux soucis et la majorité de nos difficultés viennent du fait que nous ne savons pas comment vivre sans drogue. Souvent, quand nous demandons à un « ancien » ce qu’il faut faire, nous sommes surpris de la simplicité de sa réponse.

La dixième étape peut servir de soupape de sécurité. Nous travaillons cette étape alors que les hauts et les bas de la journée sont encore frais dans notre mémoire. Nous dressons une liste de tout ce que nous avons fait sans chercher à justifier nos actions. Cela peut se faire par écrit à la fin de la journée. La première chose à faire, c’est de s’arrêter ! Ensuite, nous nous accordons le temps de réfléchir. Nous examinons nos actions, nos réactions et nos motivations. Souvent, nous nous apercevons que nous avons été mieux que nous l’avons cru. Cela nous permet d’examiner notre conduite et d’admettre nos torts avant que les choses s’aggravent. Nous devons éviter la rationalisation. Nous admettons promptement nos torts, nous ne les expliquons pas.

Cette étape se travaille de manière continue à titre de mesure préventive. Plus nous la travaillons, moins nous aurons besoin de son élément correctif. Cette étape est un bon outil pour éviter de souffrir inutilement. Nous surveillons nos sentiments, nos émotions, nos fantasmes et nos actions. En nous observant constamment, nous sommes capables d’éviter de répéter les actions qui nous font nous sentir mal.

Nous avons besoin de cette étape, même quand nous nous sentons bien et que tout va pour le mieux. Se sentir bien est nouveau pour nous et nous avons besoin d’entretenir ce sentiment. Lorsque les choses vont mal, nous pouvons essayer ce qui a marché quand tout allait bien. Nous avons le droit de nous sentir bien. Nous avons le choix. Mais les bonnes périodes peuvent aussi être un piège ; le danger serait d’oublier que notre priorité est de rester abstinents. Pour nous, le rétablissement est plus qu’une simple recherche du plaisir.

Nous avons besoin de nous rappeler que tout le monde fait des erreurs et que nous ne serons jamais parfaits. Toutefois, avec l’aide de la dixième étape, nous pouvons nous accepter nous-mêmes. En continuant à faire un inventaire personnel, nous sommes libérés, ici et maintenant, de nous-mêmes et du passé. Nous ne justifions plus notre existence. Cette étape nous permet d’être nous-mêmes.

Onzième étape

« Nous avons cherché par la prière et la méditation à améliorer notre contact conscient avec Dieu, tel que nous le concevions, le priant seulement pour connaître sa volonté à notre égard et pour obtenir la force de l’exécuter. »  

Les dix premières étapes nous ont permis d’améliorer notre contact conscient avec le Dieu de notre compréhension. Elles constituent le fondement qui nous permettra d’atteindre les buts positifs auxquels nous aspirons depuis longtemps. Maintenant que nous sommes rendus à cette phase de notre programme spirituel, par le travail des dix étapes précédentes, la plupart d’entre nous accueillent avec joie la pratique de la prière et de la méditation. Notre condition spirituelle est la base d’un rétablissement réussi qui nous offre une croissance illimitée.

Beaucoup d’entre nous commencent vraiment à apprécier leur rétablissement lorsqu’ils arrivent à la onzième étape. À ce point, notre vie prend un sens plus profond. En renonçant à contrôler, nous obtenons un pouvoir bien plus grand.

La nature de nos croyances déterminera notre façon de prier et de méditer. Il suffit de s’assurer que nous avons un ensemble de croyances qui fonctionne pour nous. Dans le rétablissement, ce sont les résultats qui comptent. Comme nous l’avons déjà noté, nos prières ont semblé donner des résultats aussitôt que nous avons commencé le programme de Narcotiques Anonymes et capitulé devant notre maladie. Le contact conscient décrit à cette étape-ci résulte directement du travail des étapes. Nous nous servons de cette étape pour améliorer et maintenir notre condition spirituelle.

À nos débuts dans le programme, nous avons reçu l’aide d’une puissance supérieure à nous-mêmes. Ce processus s’est déclenché lorsque nous nous sommes abandonnés au programme. Le but de la onzième étape est de devenir plus conscient de cette puissance et d’améliorer notre capacité de nous en servir comme source de force dans notre nouvelle vie.

Plus nous améliorons, par la prière et la méditation, notre contact conscient avec notre Dieu, plus il nous est facile de dire : « Que ta volonté soit faite, et non la mienne. » Nous pouvons demander l’aide de Dieu lorsque nous en avons besoin, et notre vie s’améliore. Les expériences de méditation des autres et leurs croyances religieuses individuelles ne s’appliquent pas toujours à nous. Notre programme est un programme spirituel et non pas religieux. Quand nous arrivons à la onzième étape, les défauts de caractère qui nous causaient des problèmes dans le passé ont déjà été abordés en travaillant les dix étapes précédentes. L’idée que nous nous faisons du genre de personne que nous voudrions être n’est qu’un aperçu fugace de la volonté de Dieu pour nous. Notre façon d’envisager les choses est souvent si limitée que nous ne voyons que nos désirs et nos besoins immédiats.

Il est facile de retomber dans nos anciennes habitudes. Nous devons apprendre à maintenir notre nouvelle vie sur une base spirituelle solide afin d’assurer notre croissance continue et notre rétablissement. Dieu ne nous imposera pas sa bonté, mais, si nous la demandons, nous la recevrons. D’habitude, nous ressentons tout de suite que quelque chose est différente, mais nous ne voyons les changements dans notre vie que plus tard. Lorsque nous réussissons finalement à nous débarrasser de nos motifs égoïstes, nous commençons à découvrir une paix que nous n’aurions jamais crue possible. Si notre comportement moral nous est imposé, il n’a pas autant de force que si nous choisissons nous-mêmes de vivre selon des principes spirituels. La plupart d’entre nous ne prient que lorsqu’ils souffrent. Nous apprenons que si nous prions régulièrement, nous ne souffrirons ni aussi souvent ni aussi intensément.

En dehors de Narcotiques Anonymes, différents groupes pratiquent la méditation. Presque tous ces groupes sont rattachés à une religion ou à une philosophie particulière. NA ne peut cautionner l’une ou l’autre de ces méthodes, car ce serait une violation de ses traditions et une atteinte aux droits de l’individu d’avoir un Dieu qui correspond à sa conception personnelle. La méditation nous permet de grandir spirituellement chacun à notre façon. Certaines choses qui n’ont pas fonctionné pour nous dans le passé pourraient fonctionner aujourd’hui. Nous envisageons chaque journée avec un regard neuf et un esprit ouvert. Nous savons que si nous prions pour accomplir la volonté de Dieu, nous recevrons ce qu’il y a de meilleur pour nous, indépendamment de ce que nous pouvons penser. Cette certitude est fondée sur ce que nous croyons et sur notre expérience en tant que dépendants en rétablissement.

La prière est une façon de communiquer nos préoccupations à une puissance supérieure à nous-mêmes. Parfois, en priant, une chose remarquable se produit : nous trouvons le moyen, la façon et l’énergie d’accomplir des tâches bien au-delà de nos capacités. Par la prière et l’abandon quotidiens, nous captons la force illimitée qui est à notre disposition tant et aussi longtemps que nous gardons la foi et l’entretenons.

Pour certains, prier, c’est demander l’aide de Dieu, alors que méditer, c’est écouter sa réponse. Nous apprenons à éviter de prier pour des choses précises. Nous prions Dieu pour qu’il nous fasse connaître sa volonté et qu’il nous aide à l’accomplir. Dans certains cas, Dieu la manifeste de façon si évidente qu’il nous est difficile de ne pas la voir. Dans d’autres cas, nous sommes tellement centrés sur nous-mêmes que nous ne pouvons accepter la volonté de Dieu sans une autre lutte et une autre capitulation. Normalement, si nous prions pour que Dieu nous enlève tout ce qui peut détourner notre attention, la qualité de nos prières s’améliore et nous ressentons la différence. Prier demande de la pratique et nous devrions nous rappeler que les personnes compétentes ne sont pas nées avec leurs compétences. Il leur a fallu bien des efforts pour les développer. Par la prière, nous recherchons un contact conscient avec notre Dieu. Par la méditation, nous établissons ce contact, et la onzième étape nous aide à le maintenir.

Il est possible que nous ayons connu plusieurs religions et disciplines méditatives avant de venir à Narcotiques Anonymes. Pour certains d’entre nous, de telles pratiques ont mené au désastre et à la confusion totale. Nous étions convaincus que c’était la volonté de Dieu que nous consommions des drogues pour atteindre un plus haut niveau de conscience. En conséquence, beaucoup d’entre nous se sont retrouvés dans de très étranges états. Nous ne soupçonnions jamais les effets néfastes de notre dépendance comme étant la source de notre problème et nous poursuivions jusqu’au bout toute voie qui semblait nous offrir de l’espoir.

Dans le calme et la méditation, la volonté de Dieu peut alors nous apparaître de façon évidente. Méditer nous permet d’apaiser notre esprit et d’atteindre cette paix intérieure qui nous met en contact avec le Dieu qui se trouve en nous. Le principe fondamental de la méditation est d’apaiser l’esprit ; sinon, il est difficile, voire impossible, d’obtenir un contact conscient. Pour que nous puissions faire quelque progrès, le flot ininterrompu de pensées qui occupent généralement notre esprit doit cesser. Aussi les préliminaires visent-ils donc à apaiser notre esprit et à laisser mourir d’elles-mêmes les pensées qui y naissent. Elles s’estompent d’autant mieux que la méditation devient pour nous une seconde nature.

L’expérience démontre que l’équilibre émotionnel est une des premières conséquences de la méditation. Certains d’entre nous sont arrivés au programme complètement brisés et y sont restés un certain temps jusqu’à ce qu’ils trouvent Dieu ou le salut dans un quelconque culte religieux. Il est facile pour nous de quitter NA dans un accès de zèle religieux et d’oublier que nous sommes des dépendants qui souffrent d’une maladie incurable.

Pour que la méditation soit valable, dit-on, il faut des résultats apparents dans notre vie quotidienne ; or, c’est ce qui est implicite dans la onzième étape : « … connaître sa volonté à notre égard et obtenir la force de l’exécuter. » Pour ceux qui ne prient pas, la méditation est la seule façon de travailler cette étape.

Si nous prions, c’est que cela nous apporte la paix et nous redonne confiance et courage. La prière nous aide à vivre sans peur et sans méfiance. Lorsque nous mettons de côté nos motifs égoïstes et que nous prions pour être guidés, nous découvrons un sentiment de paix et de sérénité. Nous commençons à devenir plus conscients et à ressentir de l’empathie envers les autres, ce qui n’était pas possible avant de travailler cette étape.

Dans notre recherche d’un contact personnel avec Dieu, nous commençons à nous épanouir comme une fleur au soleil. Nous commençons à nous apercevoir que l’amour de Dieu était toujours là à attendre que nous l’acceptions. Nous faisons notre part et acceptons ce qui nous est donné gratuitement chaque jour. Nous découvrons qu’il devient plus facile de nous en remettre à Dieu.

Au début, quand nous commençons ce programme, nous prions généralement pour obtenir un grand nombre de choses qui nous semblent être des désirs et des besoins importants. Plus nous progressons et découvrons une puissance supérieure à nous-mêmes, plus nous commençons à prendre conscience que, dans la mesure où nos besoins spirituels sont satisfaits, nos problèmes quotidiens deviennent plus faciles à vivre. Par contre, lorsque nous oublions où réside notre véritable force, nous retombons très vite dans les mêmes façons de penser et d’agir qui nous ont amenés au programme. À force de redéfinir nos croyances et notre compréhension, nous en arrivons au point où nous nous rendons compte que notre plus grand besoin est de connaître la volonté de Dieu à notre égard et d’obtenir la force de l’exécuter. Nous devenons capables de mettre de côté certaines de nos préférences personnelles, car nous apprenons que la volonté de Dieu à notre égard se compose précisément de ce à quoi nous accordons le plus de valeur. Notre propre volonté en vient à correspondre exactement à la volonté de Dieu pour nous. Ce changement se produit d’une façon intuitive qu’il est difficile d’exprimer par des mots.

Nous nous disposons à laisser les autres être ce qu’ils sont sans les juger. Le besoin pressant de s’occuper de tout sans délai n’est plus là. Nous ne pouvions pas comprendre l’acceptation au début, maintenant nous le pouvons.

Quoi que la journée nous réserve, nous savons que Dieu nous donne tout ce qu’il nous faut pour notre bien-être spirituel. Nous pouvons admettre notre impuissance sans crainte, car Dieu est assez puissant pour nous aider à demeurer abstinents et à progresser sur le plan spirituel. Dieu nous aide à mettre de l’ordre dans notre vie.

Nous commençons à voir la réalité plus clairement. Grâce au contact continu avec notre puissance supérieure, nous réussissons à trouver des réponses à nos questions et acquérons la capacité de faire des choses qui nous étaient jadis impossibles. Nous respectons les croyances des autres. Nous vous encourageons à chercher force et direction selon votre propre croyance.

Nous éprouvons de la gratitude pour cette étape, parce que nous commençons à obtenir ce qu’il y a de meilleur pour nous. Cette façon que nous avions de prier pour obtenir ce que nous désirions nous a parfois fait tomber dans un piège. Il pouvait nous arriver de prier pour quelque chose et d’avoir ensuite à prier pour que cette chose nous soit enlevée, car nous n’étions pas capables de nous en accommoder.

Ayant appris la puissance de la prière et la responsabilité qui s’y rattache, nous pouvons nous servir de la onzième étape pour nous guider dans notre programme quotidien.

Nous commençons à prier seulement pour connaître la volonté de Dieu pour nous. De cette manière, nous ne recevons que ce que nous sommes capables d’assumer. Nous savons comment réagir à ce que nous recevons, parce que Dieu nous aide à nous y préparer. Certains d’entre nous utilisent tout simplement leurs propres mots pour remercier Dieu de sa grâce. 

Dans une attitude d’abandon et d’humilité, nous abordons à maintes reprises cette étape pour recevoir du Dieu de notre compréhension le don de la connaissance et de la force. La dixième étape sert à corriger les erreurs du présent pour que nous puissions travailler la onzième étape. Sans cette étape, il est peu probable que nous puissions connaître un éveil spirituel, mettre en pratique des principes spirituels dans notre vie ou transmettre un message qui en attirerait d’autres au rétablissement. Il existe un principe spirituel selon lequel nous devons redonner ce que nous avons reçu de Narcotiques Anonymes, si nous voulons le conserver. En aidant les autres à rester abstinents, nous tirons profit de la richesse spirituelle que nous avons trouvée. Nous devons donner gratuitement et avec gratitude ce qui nous a été donné gratuitement et avec gratitude.

Douzième étape

« Ayant connu un éveil spirituel comme résultat de ces étapes, nous avons essayé de transmettre ce message aux dépendants et d’appliquer ces principes à tous les domaines de notre vie. »

Nous sommes arrivés à Narcotiques Anonymes à la suite de nos échecs passés. Nous nous attendions à tout sauf à un éveil spirituel. Nous voulions simplement que la souffrance cesse.

Les étapes amènent effectivement une prise de conscience de nature spirituelle qui se manifeste par des changements dans notre vie. Ceux-ci nous rendent plus aptes à vivre selon des principes spirituels et à transmettre notre message de rétablissement et d’espoir aux dépendants qui souffrent encore. Ce message, toutefois, n’a de signification que si nous le vivons. En le mettant en pratique, notre vie et nos actions lui donnent un sens que nos paroles et nos textes seuls n’auraient jamais pu lui donner.

L’idée d’un éveil spirituel prend des formes diverses selon les différentes personnalités que nous rencontrons au sein de la fraternité. Néanmoins, toutes les formes d’un éveil spirituel ont des points communs, entre autres, la fin de la solitude et le sentiment de savoir où nous allons. Beaucoup d’entre nous considèrent comme inutile un éveil spirituel qui n’est pas accompagné d’une plus grande paix de l’esprit et d’un plus grand souci des autres. Pour maintenir cette paix de l’esprit, nous nous efforçons de vivre ici et maintenant.

Ceux d’entre nous qui ont travaillé ces étapes au mieux de leur capacité en ont largement bénéficié. Nous sommes convaincus que les bienfaits récoltés sont le résultat direct du fait de vivre ce programme.

Quand nous commençons à goûter au plaisir d’être libérés de notre dépendance, nous courons le risque de vouloir à nouveau contrôler notre vie. Nous oublions les angoisses et les souffrances passées. Lorsque nous consommions, notre maladie contrôlait tous les aspects de notre vie. Elle est toujours prête à reprendre le dessus et n’attend que cela. Nous oublions rapidement que tous nos efforts passés pour contrôler notre vie ont échoué.

À ce moment, la plupart d’entre nous comprennent que la seule façon de conserver ce qui leur a été donné est de partager ce don d’une vie nouvelle avec les dépendants qui souffrent encore. C’est là notre meilleure assurance pour ne pas retomber dans les tourments de la consommation. C’est ce que nous appelons « transmettre le message » et il existe différentes façons de le faire.

Dans la douzième étape, nous pratiquons le principe spirituel qui consiste à transmettre le message de rétablissement afin de le conserver. Même un membre qui n’a qu’une journée d’abstinence dans la fraternité de NA peut transmettre le message que ce programme fonctionne.

Lorsque nous partageons avec un nouveau, nous pouvons demander à notre puissance supérieure de nous utiliser comme instruments spirituels. Nous ne cherchons pas à passer pour des dieux. En partageant avec un nouveau, il nous arrive souvent de demander l’aide d’un autre dépendant en rétablissement. C’est pour nous un privilège de pouvoir répondre à une demande d’aide. Nous, qui avons connu le fin fond du désespoir, apprécions la chance que nous avons de pouvoir en aider d’autres à trouver le rétablissement.

Nous aidons les nouveaux à apprendre les principes de NA. Nous nous efforçons de leur faire sentir qu’ils sont les bienvenus et les aidons à apprendre ce que le programme peut leur offrir. Nous partageons notre expérience, notre force et notre espoir, et nous accompagnons les nouveaux à une réunion aussi souvent que possible.

Ce genre de service désintéressé correspond précisément aux principes de la douzième étape. Nous avons reçu notre rétablissement du Dieu de notre compréhension. Nous nous mettons maintenant à sa disposition, comme son instrument, pour partager le rétablissement avec ceux qui le cherchent. La plupart d’entre nous apprennent, avec le temps, que le message ne se transmet qu’à une personne qui demande de l’aide. Parfois, la force de l’exemple est tout ce qui est nécessaire pour amener le dépendant qui souffre à demander de l’aide. Par ailleurs, un dépendant peut fort bien souffrir et ne pas être prêt à demander de l’aide. Il s’agit pour nous d’être disponibles pour que quelqu’un soit là, prêt à aider de telles personnes lorsqu’elles le demanderont.

Apprendre à aider les autres est un des bienfaits du programme de Narcotiques Anonymes. Travailler les douze étapes nous mène d’un état d’humiliation et de désespoir à celui où nous agissons comme l’instrument de notre puissance supérieure, et cela est remarquable. Il nous est donné la capacité d’aider un autre dépendant quand personne d’autre ne peut le faire. Tous les jours, nous voyons cela se produire parmi nous. Ce revirement miraculeux est la preuve d’un éveil spirituel. Nous partageons notre expérience personnelle de ce qui est arrivé. La tentation de donner des conseils est grande, mais en le faisant, nous perdons le respect des nouveaux. Cela ternit notre message. Un message de rétablissement de la dépendance, simple et honnête, sonne vrai.

Nous assistons aux réunions, nous nous rendons disponibles et nous nous mettons au service de la fraternité. Avec gratitude, nous offrons gratuitement notre temps, nos services et partageons ce que nous avons trouvé ici. Servir, ainsi que nous l’entendons dans Narcotiques Anonymes, est le but primordial de nos groupes. Ce travail de service consiste à transmettre le message au dépendant qui souffre encore. Plus nous nous engageons avec ardeur dans le service, plus notre éveil spirituel sera riche.

Notre première façon de transmettre le message parle d’elle-même. En effet, les gens que nous rencontrons dans la rue se souviennent de nous comme des êtres solitaires, apeurés et fuyants, et ils remarquent que la peur s’est effacée de nos visages. Ils nous voient revenir progressivement à la vie.

Après avoir découvert la manière de NA, il n’y a plus de place pour l’ennui et la complaisance dans notre nouvelle vie. En demeurant abstinents, nous commençons à pratiquer de nombreux principes spirituels comme l’espoir, la capitulation, la soumission, l’acceptation, l’honnêteté, l’ouverture d’esprit, la bonne volonté, la foi, la tolérance, la patience, l’humilité, l’amour inconditionnel, le partage et l’entraide. À mesure que notre rétablissement progresse, ces principes spirituels touchent tous les domaines de notre vie parce que nous essayons de vivre ce programme ici et maintenant.

Nous ressentons de la joie quand nous commençons à vivre selon les principes du rétablissement. C’est la joie de voir quelqu’un qui est abstinent depuis deux jours dire à quelqu’un qui l’est depuis un jour : « Un dépendant seul est en mauvaise compagnie ». C’est la joie de voir quelqu’un qui a du mal à rester abstinent, s’apercevoir soudain, en essayant d’aider un autre dépendant à le demeurer, que les mots lui viennent pour transmettre le message de rétablissement.

Nous sentons que notre vie vaut la peine d’être vécue. Grâce à ce renouveau spirituel, il fait bon vivre. Lorsque nous consommions, notre vie était devenue un exercice de survie. Maintenant, nous ne survivons plus, nous vivons. En comprenant bien que l’essentiel est de rester abstinents, nous pouvons profiter de la vie. Nous aimons être abstinents et c’est un plaisir de transmettre le message de rétablissement au dépendant qui souffre encore. Aller aux réunions marche vraiment.

La pratique des principes spirituels dans notre vie quotidienne nous conduit à une nouvelle image de nous-mêmes. L’honnêteté, l’humilité et l’ouverture d’esprit nous aident à traiter les autres équitablement. Nos décisions deviennent empreintes de tolérance. Nous apprenons à nous respecter nous-mêmes.

Les leçons apprises au cours de notre rétablissement sont parfois amères et douloureuses. Cependant, à mesure que nous sommes capables de partager ces leçons avec des membres de Narcotiques Anonymes, nous les aidons et, par le fait même, nous acquérons du respect envers nous-mêmes. Nous ne pouvons empêcher les autres dépendants de souffrir, mais nous pouvons leur transmettre le message d’espoir que d’autres dépendants en rétablissement nous ont transmis. Nous le faisons en partageant avec eux les principes de rétablissement tels qu’ils ont fonctionné dans notre vie. Dieu nous aide dans la mesure où nous nous aidons les uns les autres. La vie prend un nouveau sens et nous connaissons une nouvelle joie, une façon d’être et de penser qui en vaut la peine. Nous nous renouvelons spirituellement et sommes heureux d’être en vie. Notre éveil spirituel provient en partie d’une nouvelle compréhension de notre puissance supérieure, élaborée en contribuant au rétablissement d’autres dépendants.

Oui, nous sommes une vision d’espoir. Nous sommes la preuve concrète que le programme de NA donne des résultats. La joie que nous ressentons à vivre abstinents constitue un attrait pour le dépendant qui souffre encore.

Nous nous rétablissons vraiment et vivons abstinents et heureux. Bienvenue à NA. Les étapes ne se terminent pas ici. Elles sont un nouveau départ.

L’acceptation de soi

Le problème

La non-acceptation de soi constitue un problème pour bon nombre de dépendants en rétablissement. Cette déficience insidieuse est difficile à reconnaître et passe même souvent inaperçue. Beaucoup d’entre nous estimions que la consommation de drogue était notre unique problème, niant le fait que nous avions perdu la maîtrise de notre vie. Ce déni peut continuer à nous miner même après avoir cessé de consommer. Nombre de problèmes que nous rencontrons sur le chemin du rétablissement proviennent de notre incapacité à nous accepter tels que nous sommes. Il se peut que nous ne reconnaissions même pas le fait que ce malaise constitue la source du problème car il se manifeste souvent sous d’autres formes. Nous devenons irritables, insatisfaits, déprimés ou confus. Nous nous retrouvons en train d’essayer de changer ce qui nous entoure dans l’espoir de calmer les sentiments qui nous rongent intérieurement. Notre expérience nous a montré qu’il valait mieux rechercher en nous la source de notre insatisfaction. Souvent, nous découvrons que nous sommes trop durs envers nous-mêmes et que nous nous complaisons dans la haine et le rejet de soi.

Avant de connaître NA, la plupart d’entre nous ont passé leur vie à se rejeter. Nous nous détestions tellement que nous n’avions qu’une idée en tête : changer de personnalité, devenir n’importe qui, mais surtout pas nous-mêmes. Incapables de nous accepter, nous recherchions l’approbation des autres. Nous voulions que les autres nous donnent l’amour et l’acceptation dont nous manquions envers nous-mêmes. L’amour et l’amitié que nous donnions n’étaient jamais sans conditions. Nous aurions fait n’importe quoi pour n’importe qui, simplement pour obtenir leur acceptation et approbation. Nous en voulions à ceux qui ne répondaient pas à nos demandes.

Comme nous ne pouvions nous accepter nous-mêmes, nous nous attendions à ce que les autres nous rejettent. Nous ne laissions personne s’approcher de trop près, de peur qu’en nous connaissant vraiment, ils ne puissent que nous détester. Pour éviter de nous retrouver dans une position vulnérable, nous faisions en sorte de rejeter les autres avant qu’ils n’aient le temps de nous rejeter.

Les douze étapes sont la solution

Aujourd’hui, la première étape vers l’acceptation de soi consiste à accepter notre dépendance. Nous devons accepter notre maladie et tous les problèmes qui en découlent avant de pouvoir nous accepter en tant qu’êtres humains.

Ensuite, nous avons besoin de croire en une puissance supérieure à nous-mêmes qui peut nous rendre la raison. Nous n’avons pas besoin de croire en une puissance supérieure spécifique à qui que ce soit mais il nous faut croire en une entité qui nous aime et qui peut nous aider. Sur le plan spirituel, s’accepter soi-même, c’est comprendre qu’il est normal de souffrir, de faire des erreurs et de ne pas être parfaits.

Le chemin le plus sûr vers l’acceptation de soi passe par l’application du programme des douze étapes. Maintenant que nous en sommes venus à croire en l’existence d’une puissance supérieure, nous pouvons compter sur son pouvoir pour nous donner le courage d’examiner honnêtement nos défauts et nos qualités. Il est nécessaire pour nous d’entrer en contact avec nos émotions et nos sentiments, bien qu’il s’agisse parfois d’un processus douloureux qui ne semble pas nous rapprocher de l’acceptation de soi. Nous désirons établir une base solide pour notre rétablissement. Nous devons donc examiner nos actes, nos motivations et commencer à en changer les aspects qui sont inacceptables.

Nos défauts font partie de nous et ne nous seront enlevés qu’en vivant le programme de NA. Nos qualités sont des dons de notre puissance supérieure ; en apprenant à les utiliser pleinement, notre acceptation de nous grandit et notre vie s’améliore.

Parfois, nous recommençons nos « scénarios » où nous souhaitons être le personnage que nous pensons devoir être. Il se peut alors que l’apitoiement et l’orgueil nous submergent mais en renouvelant notre foi en une puissance supérieure, nous recevons l’espoir, le courage et la force de grandir.

S’accepter tel que nous sommes permet de trouver un équilibre dans notre rétablissement. Nous n’avons plus besoin de chercher l’approbation des autres puisque nous sommes satisfaits d’être nous-mêmes. Nous avons la liberté de mettre en valeur nos qualités, de nous détacher avec humilité de nos défauts et de nous rétablir du mieux que nous le pouvons. Nous accepter tels que nous sommes signifie que « ça va », que nous ne sommes pas parfaits mais que nous pouvons nous améliorer.

Nous n’oublions pas que notre maladie est celle de la dépendance et que l’acceptation de nous est un processus de longue haleine. Quelle que soit notre déchéance, nous sommes toujours les bienvenus dans la fraternité de Narcotiques Anonymes.

En nous acceptant tel que nous sommes, nous renonçons à rechercher la perfection et nous arrivons, peut-être pour la première fois, à accepter les autres sans conditions dans notre vie. Nos amitiés s’approfondissent et nous ressentons la chaleur et l’attention émanant de dépendants qui partagent leur rétablissement et leur nouvelle vie.

Mon Dieu, donne-moi la sérénité

d ‘accepter les choses

que je ne peux changer,

le courage de changer les

choses que je peux,

et la sagesse d’en connaître

la différence.

Le parrainage, révisé

Une des premières suggestions que plusieurs d’entre nous reçoivent quand nous commençons à assister aux réunions de NA est d’avoir un parrain. En tant que nouveaux, nous pouvons ne pas comprendre ce que cela signifie. Qu’est-ce qu’un parrain ? Comment en trouvons-nous un et comment l’utilisons-nous ? Où en trouvons-nous un ? Ce dépliant a été conçu pour servir de brève introduction au parrainage.

Notre Texte de base nous indique que « le cœur de NA bat quand deux dépendants partagent leur rétablissement », et le parrainage est simplement une relation privilégiée par laquelle un dépendant en aide un autre. La relation à deux sens du parrainage est une relation spirituelle et empreinte de compassion qui aide le parrain et le (ou la) filleul(le).2

QU'est-ce qu'un parrain ?

Le parrainage est une relation personnelle et privée qui peut signifier différentes choses pour différentes personnes. Pour servir les propos de ce dépliant un parrain de NA est un membre de Narcotiques Anonymes qui vit son programme de rétablissement et qui est disposé à entreprendre une relation privilégiée avec nous. La plupart des membres voient un parrain comme quelqu’un qui peut nous aider à travailler les douze étapes de NA, et parfois les douze traditions et douze principes. Un parrain n’est pas nécessairement un ami, mais peut être quelqu’un à qui nous nous confions. Nous pouvons partager des choses avec notre parrain que nous serions mal à l’aise de partager lors d’une réunion.

« Ma relation avec mon parrain a été la clé pour faire confiance aux autres et pour travailler les étapes. J’ai partagé avec mon parrain tout l’enfer qu’était ma vie, il m’a partagé qu’il avait vécu les mêmes expériences. Il a commencé à m’apprendre à vivre sans consommer de drogues. »

QUE fait un parrain ?

Un parrain partage son expérience, sa force et son espoir avec ses filleuls(les). Certains décrivent leur parrain comme étant affectueux et compatissant, quel- qu’un sur qui on peut compter pour écouter et pour nous soutenir peu importe ce qui nous arrive. D’autres évaluent l’objectivité et le détachement qu’un parrain peut offrir, comptant sur leurs suggestions directes et honnêtes même lorsque cela peut être difficile à accepter. Enfin, d’autres consultent leur parrain principalement pour les aider dans leur travail des douze étapes.

« Quelqu’un a demandé un jour : « Pourquoi ai-je besoin d’un parrain » ? Le parrain a répondu : « c’est assez difficile de repérer le déni et l’aveuglement face à nous-mêmes…par nous-mêmes ». »

Le parrainage fonctionne pour la même raison que NA fonctionne : parce que les membres qui partagent des liens communs de la dépendance et du rétablissement peuvent, dans bien des cas, sympathiser les uns avec les autres. Le rôle d’un parrain n’est pas celui d’un conseiller juridique, d’un banquier, d’un parent, d’un conseiller matrimonial ou d’un travailleur social. Un parrain n’est pas un thérapeute offrant des conseils professionnels. Un parrain est simplement un autre dépendant en rétablissement prêt à partager son expérience des douze étapes.

Quand nous partageons nos préoccupations et nos questions avec notre parrain, il partage parfois ses propres expériences. D’autres fois il nous suggère des tâches de lecture ou d’écriture, ou essaie de répondre à nos questions au sujet du programme. Quand nous sommes nouveaux à NA, un parrain peut nous aider à comprendre les choses qui nous laissent perplexes dans le programme comme le langage de NA, les formats de réunions, la structure de service, la signification des principes de NA et la nature de l’éveil spirituel.

QUE fait un filleul ?

Il est suggéré d’avoir des contacts réguliers avec notre parrain. En plus de téléphoner à notre parrain, nous pouvons le rencontrer lors des réunions. Certains parrains nous diront combien de fois ils s’attendent à ce que nous les contactions, alors que d’autres ne formulent pas ce genre de conditions. Si nous ne pouvons trouver un parrain qui vit près de chez nous, nous pouvons nous tourner vers la technologie ou correspondre par courrier pour rester en contact. Indépendamment de la façon dont nous communiquons avec notre parrain, il est important que nous soyons honnêtes et que nous écoutions avec un esprit ouvert.

« Je compte sur ma marraine pour me donner une direction générale et une nouvelle perspective. Ses suggestions sont importantes pour moi. Parfois tout ce qu’il faut, c’est dire quelque chose à haute voix à quelqu’un d’autre pour que je voie les choses différemment. »

Nous pouvons craindre d’être un fardeau pour notre parrain et hésiter à le contacter, ou nous pouvons croire que notre parrain voudrait quelque chose en retour. Mais la vérité est que notre parrain bénéficie autant que nous de cette relation. Notre programme nous apprend que nous pouvons seulement conserver ce que nous avons en le partageant avec quelqu’un d’autre ; en faisant appel à notre parrain, nous l’aidons réellement à demeurer abstinent et à se rétablir.

COMMENT trouvons-nous un parrain ?

Tout ce que nous avons à faire pour trouver un parrain, c’est de le lui demander. Bien que ce soit simple, ça peut ne pas être facile. Plusieurs d’entre nous ont peur de demander à quelqu’un d’être leur parrain. Dans notre dépendance active, nous avons appris à nous méfier de tout le monde et l’idée de demander à quelqu’un de nous écouter et de nous aider peut nous sembler étrange et effrayante. Néanmoins, la plupart de nos membres décrivent le parrainage comme étant une partie cruciale de notre rétablissement. Parfois nous avons le courage de demander à quelqu’un de nous parrainerr, pour finalement essuyer un refus. Si cela se produit, nous devons être persévérants, avoir la foi et essayer de ne pas nous sen- tir personnellement visé par sa décision. Les raisons que les gens ont pour refuser d’être notre parrain n’ont probablement rien à voir avec nous : Ils peuvent avoir des vies occupées ou beaucoup de filleuls, ou ils peuvent traverser des périodes difficiles. Nous devons réaffirmer notre foi et demander à quelqu’un d’autre.

« Quand j’ai choisi mon parrain, j’ai vu ça com- me une interview. Sommes-nous faits pour nous entendre ? Quelles sont ses attentes et quelles sont les miennes ? J’ai recherché quelqu’un qui avait l’esprit ouvert et avec qui je me sentais confortable. »

Le meilleur endroit pour rechercher un parrain est lorsque vous assistez à une réunion de NA. Il y a d’autres occasions pour chercher un parrain tels que les réunions de service, les activités ou tout autre événement de NA. En recherchant un parrain, la plupart des membres recherchent quelqu’un avec qui ils se sentent bien et à qui ils peuvent apprendre à faire confiance, quelqu’un qui semble compatissant et qui est impliqué dans le programme. La plupart des membres, particulièrement ceux qui sont nouveaux, considèrent qu’il est important de choisir un parrain qui a plus de temps d’abstinence qu’eux.

Un bon principe de base est de rechercher quelqu’un qui a vécu des expériences semblables aux nôtres et qui puisse s’identifier à nos difficultés et à nos réussites. Pour la plupart d’entre nous, trouver un parrain du même sexe favorise l’empathie et nous aide à nous sentir en sécurité dans la relation. Certains pensent que le genre n’est pas un facteur décisionnel. Nous sommes libres de choisir notre propre parrain. Cependant, nous suggérons fortement d’éviter d’entrer dans une relation de parrainage qui peut mener à l’attirance sexuelle. Une telle attirance peut nous distraire de la nature du parrainage et interférer dans notre capacité à partager honnêtement l’un avec l’autre.

« Quand je suis devenu abstinent, j’étais insécure, seul, et prêt à faire n’importe quoi pour un peu de confort et de compagnie. Ma tendance était de satisfaire mes désirs et de ne pas me concentrer sur ce qui était nécessaire pour établir la base de mon rétablissement. Je remercie Dieu de l’intégrité de ces membres qui m’ont soutenu et qui n’ont pas profité de moi au début de mon rétablissement. »

Parfois nos membres se demandent s’il serait correct d’avoir plus d’un parrain. Bien que certains dépendants choisissent cette option, la plupart de nos membres s’y opposent. Avoir plus d’un parrain pourrait inciter certains de nos membres à manipuler afin d’obtenir les réponses ou les conseils qu’ils recherchent.

QUAND devrions-nous trouver un parrain ?

La plupart de nos membres considèrent qu’il est important de trouver un parrain le plus tôt possible, alors que d’autres expliquent qu’il est important de prendre un peu de temps pour regarder autour de soi et prendre une décision éclairée. Assister à plusieurs réunions nous aide à déterminer avec qui nous sommes à l’aise et avec qui nous pouvons apprendre à faire confiance. Bien que nous recherchions un parrain, si quelqu’un se propose, nous ne sommes pas obligé de dire oui. Nous devons nous rappeler que, si nous demandons à un parrain de nous aider tôt dans notre rétablissement, nous sommes toujours libres de changer de parrain plus tard si cette personne ne satisfait pas nos besoins.

« J’ai comparé le moment où je devais de- mander à quelqu’un de me parrainer avec le moment ou j’allais me noyer. J’avais besoin de ce sauveur / parrain immédiatement ! »

Quand nous sommes nouveaux dans le programme, nous devons demander à d’autres dépendants leur aide et leur appui. Il n’est jamais trop tôt pour obtenir et utiliser des numéros de téléphone et pour commencer à partager avec d’autres dépendants en rétablissement. Notre programme fonctionne grâce à l’aide que nous pouvons nous offrir mutuellement. Nous n’avons plus à vivre isolés des autres, nous commençons à nous sentir comme une partie de quelque chose de plus grand que nous-mêmes. Le parrainage nous aide à voir qu’en arrivant à NA, nous sommes finalement arrivés à la maison.

Vous pouvez avoir des questions au sujet du parrainage auxquelles ce dépliant n’a pas répondu. Bien qu’il n’y ait pas de « bonnes » ou « mauvaises » réponses à vos questions – l’expérience de notre fraternité change d’une communauté à l’autre et d’un membre à l’autre – il existe un livre sur le parrainage qui approfondit plusieurs questions pertinentes à ce sujet.

2 Pour alléger le texte, les termes parrainage, parrain et filleul sont employés au masculin.

Acceptation, foi et engagement : le témoignage d’un dépendant

Lorsque j’ai connu le programme de NA, j’avais identifié mon problème : j’avais le désir d’arrêter de consommer, mais ne savais comment m’y prendre. La dépendance étant ce qu’elle est, je ne pensais qu’à me procurer de la drogue, à en consommer et à trouver des moyens pour en obtenir davantage. Toutes les facettes de ma personnalité renforçaient cette obsession. Comme j’étais entière- ment centré sur moi-même, j’essayais de maîtriser ma vie en manipulant les autres et en utilisant les circonstances pour arriver à mes fins. J’avais perdu tout contrôle. L’obsession me forçait à consommer et je consommais contre ma volonté et mon instinct de survie, tout en sachant que je me détruisais. Désespéré et impuissant, j’ai cessé de me battre et accepté le fait que j‘étais dépendant, que je ne pouvais contrôler ma vie et que j’étais impuissant devant ma maladie. Ma volonté ne pouvait changer l’état de mon corps malade qui avait un besoin compulsif de drogue. Malgré mes efforts, je ne pouvais changer ma pensée malade, obsédée par l’idée de consommer pour échapper à la réalité. Dès que j’ai accepté mon impuissance, j’ai cessé d’avoir besoin de consommer. L’acceptation de ma condition, c’est-à-dire mon impuissance face à ma dépendance et l’impossibilité de maîtriser ma vie, a été la clé de mon rétablissement.

Mes idéaux les plus élevés ne pouvaient changer mon esprit malade, rusé, sournois et tout à fait égocentrique. Avec l’aide de dépendants en rétablissement que je rencontrais aux réunions de NA, j’ai réussi à rester abstinent une minute, une heure, une journée à la fois ; pourtant, j’avais encore envie de consommer. La vie me semblait intolérable sans drogue. Le fait d’y renoncer me désespérait davantage et la solution que ma raison me dictait était de retourner consommer. Ayant accepté mon impuissance et mon incapacité à contrôler ma vie, j’avais besoin de trouver une puissance plus forte que ma maladie pour changer ma nature autodestructrice. Ceux que je rencontrais aux réunions m’ont dit qu’ils avaient trouvé cette puissance dans le programme de NA. Ils étaient abstinents depuis des mois ou des années et n’avaient même plus envie de consommer. Ils m’ont dit que je pouvais, moi aussi, perdre le désir de consommer en suivant le programme de NA. Je n’avais pas d’autre choix que de leur faire confiance. J’avais essayé les médecins, les psychiatres, les hôpitaux et les institutions psychiatriques, le changement de travail, le mariage et le divorce. Tout avait échoué. Mon cas semblait désespéré, mais dans NA je trouvais de l’espoir. J’ai fait la connaissance de dépendants en rétablissement et j’en suis venu à croire que je pou- vais apprendre à vivre sans consommer. Dans NA, j’ai trouvé la foi qu’il me fallait pour commencer à changer.

À ce moment-là, j’avais cessé de consommer et j’avais du mal à croire que je pouvais demeurer abstinent. Mes pensées et mes sentiments étaient encore ceux d’un dépendant ; la seule différence, c’est que je ne consommais pas. Ma personnalité et mon caractère n’avaient pas changé. Tout en moi renforçait ma tendance à l’autodestruction. Il fallait que je change car si je n’y parvenais pas, je recommencerais à consommer. J’avais accepté mon état et croyais à la possibilité de me rétablir, à condition que je m’engage totalement dans les principes spirituels du programme de NA.

Avec l’aide de mon parrain, j’ai décidé de confier ma volonté et ma vie aux soins de Dieu tel que je le conçois. Cela a été le tournant de ma vie. Cette décision exige de moi une acceptation toujours renouvelée, une foi sans cesse croissante et un engagement quotidien à me rétablir. Pour remettre ma volonté et ma vie entre les mains de Dieu, j’ai dû apprendre à me connaître et chercher activement à modifier ma façon d’affronter la réalité. Cet engagement a introduit de l’honnêteté dans ma vie. Voici comment le programme de NA marche pour moi : j’accepte ma maladie, j’en viens à croire que le programme peut me changer et je m’engage à suivre les principes spirituels du rétablissement.

Je dois agir maintenant. Si je ne change pas, je serai malheureux et je recommencerai à consommer. Les actions suggérées par le programme de NA peuvent changer mon caractère et ma personnalité. Je me regarde en toute honnêteté, j’écris ce que j’ai fait et ressenti. Je me révèle entièrement à mon Dieu et à un autre être humain, leur avouant mes peurs, mes colères et mes ressentiments les plus profonds. Lorsque j’agis ainsi, le passé n’a plus aucune emprise sur ma vie et je suis libre de vivre selon mes idéaux. Mon comportement change et je suis prêt à devenir la personne que mon Dieu veut que je devienne.

Petit à petit, je crée une image de moi sensée, réaliste, en demandant à Dieu de me libérer de mes déficiences.

En réparant mes torts envers autrui, j’apprends à me pardonner et à pardonner aux autres.

J’examine mon comportement régulièrement et corrige mes erreurs dès que possible. Ma confiance et ma foi dans les principes spirituels ne cessent de grandir. Je donne aux autres, je partage qui je suis, je participe à notre programme et j’essaie d’appliquer les principes que j’ai appris. Ces douze étapes m’ont permis d’arrêter de consommer, m’en ont enlevé le désir et m’ont donné un nouveau mode de vie.

Juste pour aujourd’hui

Dites-vous :

Juste pour aujourd'hui mes pensées se concentreront sur mon rétablissement ; je vivrai et profiterai de la vie sans consommer.

Juste pour aujourd'hui j’aurai foi en quelqu’un de NA qui croit en moi et veut m’aider à me rétablir.

Juste pour aujourd'hui j’aurai un programme et j’essaierai de le suivre de mon mieux.

Juste pour aujourd'hui, grâce à NA, j’essaierai d’envisager la vie sous un jour meilleur.

Juste pour aujourd'hui je serai sans crainte, mes pensées se concentreront sur mes nouveaux amis, des gens qui ne consomment plus et qui ont trouvé un nouveau mode de vie. Aussi longtemps que je suivrai cette voie, je n’aurai rien à craindre.

En arrivant au programme de Narcotiques Anonymes, nous avons pris la décision de confier notre vie à une puissance supérieure. Cette capitulation nous soulage du fardeau du passé et de la crainte de l’avenir, ce qui nous permet de considérer la journée d’aujourd’hui comme un cadeau. Nous acceptons et profitons la vie telle qu’elle est maintenant. Quand nous refusons d’accepter notre réalité quotidienne, nous nions notre foi en notre puissance supérieure. Il ne peut en résulter que davantage de souffrances.

Nous apprenons qu’aujourd’hui est un cadeau qui nous est donné sans autre garantie. L’insignifiance du passé et de l’avenir s’impose à nos yeux, ainsi que l’importance des actes que nous posons aujourd’hui. Dans cet esprit notre vie s’en trouve simplifiée.

Quand nous nous concentrons sur aujourd’hui, le cauchemar de la drogue se dissipe et laisse la place à l’aube d’une nouvelle réalité. Nous découvrons que, dans nos moments de confusion, nous pouvons confier nos sentiments à un autre dépendant en rétablissement. En partageant notre passé avec d’autres dépendants, nous découvrons que nous ne sommes pas uniques et que nous avons beaucoup en commun. Parler avec d’autres membres de NA, soit en partageant avec eux les hauts et les bas de notre journée ou en les écoutant partager les leurs avec nous, est une façon par laquelle notre puissance supérieure s’exprime à travers nous.

Si nous demeurons abstinents aujourd’hui, en contact avec notre puissance supérieure et nos amis de NA, nous n’avons rien à craindre. Dieu nous a pardonné nos erreurs passées et demain n’est pas encore arrivé. C’est par la méditation et l’inventaire personnel que nous trouverons la sérénité et serons guidés tout au long de notre journée. Au cours de nos activités quotidiennes, nous prenons quelques instants pour remercier Dieu, tel que nous le concevons, de nous donner la force d’affronter aujourd’hui.

« Juste pour aujourd’hui » s’applique à tous les domaines de notre vie et non seulement à notre abstinence. Il nous faut affronter la réalité de la vie jour après jour. Beaucoup d’entre nous croient que Dieu n’attend rien d’autre que ce dont nous sommes capables aujourd’hui.

Le travail du programme des douze étapes de NA a donné un nouveau sens à notre vie. Aujourd’hui, nous n’avons plus à nous excuser de ce que nous sommes. Notre contact quotidien avec une puissance supérieure comble le vide intérieur que nous n’arrivions pas à combler autrefois. Vivre aujourd’hui nous satisfait. Sous la direction de notre puissance supérieure, nous perdons le désir de consommer. Aujourd’hui, nous n’aspirons plus à la perfection ; nous sommes plus réalistes.

Il est important de se souvenir qu’il est miraculeux pour un dépendant de demeurer abstinent pendant une seule journée. Assister aux réunions, travailler les étapes, méditer quotidiennement et partager avec les autres membres du programme nous aide à demeurer spirituellement sains. Il est possible de vivre de façon responsable.

La solitude et la peur peuvent être remplacées par l’amour de la fraternité et la sécurité d’un nouveau mode de vie. Nous n’avons plus jamais à être seuls. Nous avons plus de vrais amis dans la fraternité que nous ne l’aurions jamais cru possible. L’apitoiement et les ressentiments sont remplacés par la tolérance et par la foi. Nous trouvons la liberté, la sérénité et le bonheur que nous recherchions désespérément.

En une journée, il s’en passe des choses, bonnes et mauvaises. Si nous ne prenons pas le temps de les apprécier, peut-être manquerons-nous quelque chose qui pourrait nous aider à progresser. Quand nous nous en servons, nos principes de vie nous guident dans notre rétablissement. Nous découvrons la nécessité de continuer de cette façon jour après jour.

Rester abstinent à l’extérieur

Plusieurs d’entre nous ont entendu pour la première fois le message de rétablissement de Narcotiques Anonymes alors qu’ils étaient en prison ou dans un établissement quelconque. Faire la transition avec le monde extérieur n’est jamais chose facile. C’est d’autant plus difficile lorsqu’il faut faire face aux changements qu’amène le rétablissement. Pour beaucoup d’entre nous, le rétablissement a été difficile au début. La perspective d’affronter la vie sans consommer peut nous sembler être une épreuve terrifiante. Mais ceux qui ont réussi à demeurer abstinents pendant les premiers jours ont découvert une vie qui valait la peine d’être vécue. Ce dépliant a pour but de donner de l’espoir à ceux qui sont actuellement dans un hôpital ou dans une institution : vous aussi pouvez vous rétablir et vivre libres. Nous sommes plusieurs à être passés par là. Nous avons essayé d’autres méthodes, nombreux sont ceux qui ont rechuté et quelques-uns n’ont pas eu d’autre chance de se rétablir. Nous avons écrit ce dépliant pour partager avec vous ce qui a marché pour nous.

S’il vous est possible d’assister à des réunions, tout en étant en prison ou dans un établissement, vous pouvez commencer à prendre tout de suite de bonnes habitudes. Arrivez de bonne heure et restez après la réunion. Dès que possible, essayez d’établir des liens avec des dépendants en rétablissement. Si des membres de NA de l’extérieur de l’établissement assistent à ces réunions, demandez-leur de vous donner leur numéro de téléphone et n’hésitez pas à vous en servir. Téléphoner vous paraîtra bizarre au début, voire même stupide. Mais étant donné que l’isolement est au cœur du problème de la dépendance, le premier appel que vous ferez représentera un grand pas en avant. Il n’est pas nécessaire d’attendre qu’un problème majeur survienne pour appeler un membre de NA. La plupart des membres sont déterminés à vous aider dans la mesure où ils le peuvent. Les réunions permettent aussi de s’assurer qu’un membre de NA sera là lors de votre sortie. Vous sentirez plus vite que vous faites partie de la fraternité si, à votre sortie, vous avez déjà rencontré des gens qui vont aux réunions. Nous ne pouvons pas nous permettre de nous sentir étrangers.

Rester abstinent à l’extérieur veut dire passer à l’action. Assistez à une réunion le jour de votre sortie. Il est important de prendre l’habitude d’assister régulièrement aux réunions. Le bouleversement et l’excitation provoqués par le simple fait de « sortir » ont fait naître chez certains d’entre nous l’illusion qu’ils pouvaient s’offrir un peu de vacances avant de s’atteler aux tâches de la vie quotidienne. Cette façon de penser a conduit un bon nombre d’entre nous à consommer de nouveau. La dépendance est une maladie qui ne prend jamais de vacances. Si on n’arrête pas sa progression, la maladie progresse. Ce que nous faisons aujourd’hui pour nous rétablir ne garantit pas notre rétablissement de demain. C’est une erreur de penser qu’il suffit d’avoir l’intention d’aller un jour ou l’autre à NA : nos intentions doivent être accompagnées de gestes concrets – et le plus tôt sera le mieux.

Si vous devez vivre dans une ville différente après votre sortie, demandez à un membre de NA de vous donner une liste de réunions et le numéro d’appel à l’aide de votre nouvelle région. Vous pourrez ainsi entrer en contact avec des groupes et des membres près de chez vous. Vous pouvez aussi obtenir des renseignements sur les réunions dans le monde entier en écrivant à :

 

 

World Service Office
PO Box 9999
Van Nuys, CA 91409, États-Unis

 

Le parrainage est un aspect vital du programme de rétablissement de NA. C’est l’une des voies principales par laquelle le nouveau ou la nouvelle peut tirer profit de l’expérience des membres qui vivent le programme de NA. En même temps qu’il ou elle se soucie de votre bien-être, un parrain/marraine est un dépendant, une dépendante qui croit en vous et partage son expérience ainsi que sa connaissance du rétablissement dans NA. Nous savons par expérience qu’il est préférable de choisir une personne de même sexe que nous. Prenez un parrain/marraine dès que possible, même si ce n’est que temporaire. Un parrain/marraine vous aidera à vivre les douze étapes et les douze traditions de Narcotiques Anonymes. Il ou elle pourra aussi vous faire rencontrer d’autres membres, vous emmener à des réunions et vous aider à mieux vous sentir dans votre rétablissement. Notre dépliant intitulé Le parrainage contient d’autres renseignements sur le sujet.

Si nous voulons tirer profit du programme de NA, nous devons travailler les douze étapes. En plus d’assister régulièrement aux réunions, les étapes constituent la base de notre programme de rétablissement. Nous nous sommes rendu compte que le fait de travailler les étapes dans l’ordre – et de les retravailler sans cesse – nous évite de retomber dans la dépendance active et dans la souffrance qu’elle engendre.

Plusieurs publications portant sur le rétablissement sont disponibles. Le « Livret blanc » ainsi que notre Texte de base, Narcotiques Anonymes, contiennent les principes de rétablissement de notre fraternité. Familiarisez-vous avec le programme à l’aide de ces textes. Les lectures portant sur le rétablissement sont une partie importante de notre programme, surtout si vous ne pouvez assister à une réunion ni contacter un membre de NA. Beaucoup d’entre nous ont découvert que la lecture quotidienne des publications de NA les aidait à maintenir une attitude positive et à se concentrer sur leur rétablissement.

Quand vous commencez à assister aux réunions, impliquez-vous dans un groupe. Pour qu’un groupe fonctionne, plusieurs tâches doivent être accomplies : préparer la salle, faire le café, vider les cendriers, remettre de l’ordre après la réunion. Faites savoir aux gens que vous êtes disponible pour aider et faire partie du groupe. Accepter de prendre des responsabilités fait partie intégrante du rétablissement et aide à atténuer les sentiments d’aliénation qui peuvent nous envahir. Le fait de prendre de telles responsabilités, même si elles vous semblent anodines, peut vous aider à vous rendre aux réunions lorsque votre désir d’y aller est moins fort que la nécessité de le faire.

Il n’est jamais trop tôt pour dresser une liste d’actions à poser chaque jour. Par l’action quotidienne, nous prenons en main notre rétablissement. Plutôt que de reprendre de la drogue une première fois, nous vous suggérons ce qui suit :

  • Ne pas consommer, sous aucun prétexte 
  • Assister à une réunion de NA
  • Demander à votre puissance supérieure de vous garder abstinent aujourd’hui
  • Appeler votre parrain/marraine
  • Lire des publications de NA
  • Partager avec d’autres dépendants en rétablissement
  • Travailler les douze étapes de Narcotiques Anonymes


Nous avons énuméré quelques-unes des choses à faire pour demeurer abstinent : nous devons également parler de certaines choses à éviter. Dans les réunions de NA, nous entendons souvent dire que nous devons changer notre ancienne façon de vivre. Cela veut dire que nous devons nous abstenir de toute drogue, quoi qu’il arrive ! Notre expérience nous a aussi appris que nous ne pouvons nous permettre de fréquenter les bars ou les clubs ni de nous tenir en compagnie de gens qui consomment. En retournant vers nos anciennes connaissances ou en commençant à fréquenter les endroits où nous allions autrefois, nous risquons la rechute. Nous sommes en effet impuissants devant notre dépendance. Ces gens et ces lieux ne nous ont jamais aidé à devenir abstinents. Il serait stupide de penser qu’il pourrait en être autrement aujourd’hui.

Pour un dépendant, rien ne peut remplacer le contact avec d’autres dépendants en rétablissement. Nous devons nous donner une chance si nous voulons nous rétablir. De nombreux amis nous attendent dans Narcotiques Anonymes et un monde d’expériences nouvelles s’offre à nous.

Certains d’entre nous ont dû ajuster leurs attentes d’un monde qui, somme toute, était complètement différent à leur sortie. Narcotiques Anonymes ne peut pas changer miraculeusement le monde dans lequel nous vivons. Par contre, NA nous offre l’espoir, la liberté et une façon différente de vivre en changeant nous-mêmes. Il se peut que nous nous retrouvions dans les mêmes situations qu’avant, mais, grâce au programme de NA, nous pouvons changer notre manière d’y répondre. C’est en changeant nous-mêmes que nous changeons notre vie.

Sachez que vous êtes le bienvenu dans Narcotiques Anonymes. N.A. a aidé des centaines de milliers de dépendants à vivre abstinents, à accepter la vie telle qu’elle est et à mener une existence qui en vaut la peine.

Rétablissement et rechute

On croit souvent que, pour se rétablir, il suffit d’arrêter de consommer de la drogue. La rechute apparaît alors comme le signe d’un échec absolu et les longues périodes d’abstinence comme celui d’une réussite totale. Nous qui participons au programme de rétablissement de Narcotiques Anonymes trouvons cette perception trop simpliste. Lorsqu’un membre fait partie de notre fraternité depuis un certain temps, une rechute peut être le choc décisif qui l’amènera à appliquer le programme de façon plus rigoureuse. Par ailleurs, certains de nos membres, abstinents depuis longtemps, ne parviennent pas à jouir pleinement de leur rétablissement et à se faire accepter par la société, en raison de leur manque d’honnêteté et des illusions qu’ils entretiennent. Toutefois, l’abstinence totale et ininterrompue que l’on maintient en s’associant étroitement et en s’identifiant avec les autres membres des groupes de NA, demeure la meilleure façon d’assurer notre croissance.

En tant que dépendants, nous sommes fondamentalement semblables ; en revanche, notre degré de dépendance comme la rapidité du rétablissement personnel diffèrent d’un cas à l’autre. Il arrive qu’une rechute soit le point de départ d’une libération totale. Dans d’autres cas, la seule façon de se libérer est la volonté tenace et inflexible de demeurer abstinents quoi qu’il arrive jusqu’à ce que la crise soit passée. Surmonter, pendant un certain temps et par n’importe quel moyen, le besoin ou le désir de consommer et avoir un autre choix que la pensée impulsive et la conduite compulsive amènent le dépendant à un tournant susceptible de constituer l’élément décisif dans son rétablissement. À ce stade, il arrive que le sentiment de réelle indépendance et de liberté pèse dans la balance. Nous sommes attirés par l’idée de faire cavalier seul et de reprendre encore une fois le contrôle de notre propre vie ; pourtant, nous sentons que ce que nous avons acquis provient de notre dépendance envers une puissance supérieure à nous-mêmes et de l’aide échangée avec d’autres dépendants auxquels nous avons pu nous identifier. Nos vieux cauchemars reviennent souvent tout au long de notre rétablissement. Il se peut que la vie redevienne sans signification, monotone et ennuyeuse. Nous pouvons ressentir de la fatigue mentale à force de répéter nos nouvelles idées, ou de la fatigue physique provoquée par nos nouvelles activités. Pourtant, nous savons que toute interruption dans ce processus ne peut que nous faire retomber dans nos anciennes habitudes. Nous soupçonnons que si nous n’utilisons pas ce que nous avons acquis, nous le perdrons. C’est souvent dans ces moments-là que nous grandissons le plus. Notre corps et notre esprit semblent fatigués de tout ; cependant, les forces dynamiques du changement ou de la véritable métamorphose peuvent être à l’œuvre au plus profond de nous pour nous donner les réponses qui modifieront notre motivation personnelle et changeront notre vie.

Notre objectif n’est pas la simple abstinence physique, mais bien le rétablissement vécu au travers de nos douze étapes. On ne s’améliore pas sans efforts, et comme il n’existe aucune façon au monde de greffer une idée nouvelle sur un esprit fermé, celui-ci devra s’ouvrir d’une manière ou d’une autre. Puisque nous sommes les seuls à pouvoir y arriver, il nous faut reconnaître deux des ennemis qui semblent inhérents aux dépendants : l’apathie et la tendance à toujours remettre au lendemain. Il semble que notre résistance au changement soit innée et que seul l’équivalent d’une explosion nucléaire puisse modifier notre façon d’agir. Une rechute, si nous y survivons, peut amorcer le processus de démolition. Une rechute quelquefois suivie par la mort de quelqu’un de proche, peut arriver à nous ouvrir les yeux sur la nécessité de passer à l’action de façon rigoureuse.

Témoignages personnels

Narcotiques Anonymes a beaucoup grandi depuis 1953. Les fondateurs de cette fraternité, pour lesquels nous éprouvons une affection durable et profonde, nous ont beaucoup appris sur la dépendance et le rétablissement. Les pages suivantes témoignent de nos débuts. La première partie a été écrite en 1965 par un des premiers membres. Dans notre Texte de base, Narcotiques Anonymes, on peut trouver des histoires de rétablissement plus récentes de membres de NA.

Le rétablissement existe vraiment

Malgré toutes nos différences, en tant que dépendants, nous nous retrouvons tous dans le même bateau. Notre vécu peut varier dans les détails, mais au bout du compte, nous avons tous une chose en commun : la maladie, le dérèglement qu’est la dépendance. Nous connaissons fort bien les deux éléments de la vraie dépendance : l’obsession et la compulsion. L’obsession : cette idée fixe qui nous ramène constamment à notre drogue préférée ou à un substitut quelconque, dans l’espoir de retrouver l’aisance et le bien-être que nous avons connus.

La compulsion : une fois que nous avons relancé le processus par un premier « fix », une première pilule ou un premier verre, nous ne pouvons plus nous arrêter par notre propre volonté. À cause de notre sensibilité physique à la drogue, nous retombons alors complètement sous l’emprise d’une puissance destructrice plus forte que nous.

Quand, finalement, nous nous apercevons enfin de notre incapacité à fonctionner comme un être humain, avec ou sans drogues, nous sommes tous confrontés au même dilemme. Que nous reste-t-il à faire ? Il semble qu’il n’y ait qu’une alternative : continuer du mieux que l’on peut jusqu’au triste aboutissement ( la prison, l’hôpital ou la morgue ) ou trouver une autre façon de vivre. Par le passé, très peu de dépendants ont pu choisir cette dernière possibilité. Aujourd’hui, ils ont plus de chance. Pour la première fois dans l’histoire entière de l’humanité, une méthode simple s’est révélée efficace dans la vie de nombreux dépendants. Elle est accessible à tous. Il s’agit d’un simple programme spirituel et non pas religieux qui s’appelle Narcotiques Anonymes.

Il y a plus de quinze ans3, lorsque ma dépendance m’a amené au point où j’avais entièrement capitulé et me sentais totalement impuissant et inutile, NA n’existait pas. J’ai découvert les AA et, dans cette fraternité, j’ai rencontré des dépendants qui avaient trouvé dans ce programme la solution à leurs problèmes. Mais nous savions que beaucoup continuaient à dévaler la pente de la désillusion, de la dégradation et de la mort, parce qu’ils étaient incapables de s’identifier avec les alcooliques dans AA. Certes, ils pouvaient se reconnaître au niveau des symptômes apparents, mais pas à celui, plus profond, des émotions et des sentiments où l’identification joue un rôle thérapeutique important dans tous les cas de dépendance. Avec plusieurs autres dépendants et quelques membres des AA qui avaient une grande foi en nous et dans le programme, nous avons formé en juillet 1953 ce qui s’appelle maintenant Narcotiques Anonymes. Nous sentions que désormais nous donnions au dépendant, dès le début, des possibilités d’identification suffisantes pour se convaincre qu’il pouvait demeurer abstinent en suivant l’exemple de personnes rétablies depuis plus longtemps.

Le temps a montré que c’était là notre plus grand besoin. Ce langage sans paroles, de foi et de confiance, par lequel nous nous identifions aux autres, et que nous appelons l’empathie, a créé une atmosphère dans laquelle temps et réalité devenaient tangibles et nos valeurs spirituelles, perdues depuis longtemps, commençaient à renaître. Dans notre programme de rétablissement, nous grandissons en force et en nombre. Il n’y a jamais eu dans la société autant de dépendants abstinents de leur propre gré et libres de se rencontrer où bon leur semble pour continuer à se rétablir dans une atmosphère de liberté créative totale.

Même les dépendants doutaient que cela pouvait se faire de la manière dont nous l’avions envisagé. Nous avions commencé à croire à des réunions régulières et ouvertes, et non plus clandestines comme l’avaient tenté d’autres groupes. Nous avions foi en une méthode différente de toutes celles essayées auparavant par ceux qui préconisaient un long retrait de la société. Nous sentions que plus vite le dépendant pourrait faire face à son problème dans le cadre de la vie quotidienne, plus vite il deviendrait un véritable citoyen productif. Il nous faudrait un jour ou l’autre nous prendre en main et faire face à la réalité de la vie. Alors, pourquoi ne pas nous y mettre dès le début ?

Bien sûr, cela a entraîné de nombreuses rechutes et la perte définitive de nombreux dépendants. Toutefois, un grand nombre ont tenu le coup et certains sont revenus après leur rechute. Le plus beau, c’est que parmi ceux qui sont à présent membres de NA, beaucoup vivent dans l’abstinence depuis longtemps et sont mieux à même d’aider les nouveaux. Leur attitude, basée sur les valeurs spirituelles de nos étapes et de nos traditions, constitue la force dynamique qui fait grandir notre programme dans l’unité. Maintenant, nous savons qu’il est temps pour la société et les dépendants eux-mêmes de bannir le préjugé selon lequel « un dépendant ne peut cesser de consommer ». Le rétablissement existe vraiment.

3  Écrit en 1965.

Les douze traditions de Narcotiques Anonymes

  1. Notre bien-être commun devrait passer en premier; le rétablissement personnel dépend de l’unité de NA.
  2. Dans la poursuite de notre objectif commun, il n’existe qu’une autorité ultime: un Dieu d’amour tel qu’il peut se manifester dans la conscience de notre groupe. Nos dirigeants ne sont que des serviteurs en qui nous avons placé notre confiance; ils ne gouvernent pas.
  3. La seule condition requise pour devenir membre de NA est le désir d’arrêter de consommer.
  4. Chaque groupe devrait être autonome, sauf sur des sujets affectant d’autres groupes ou NA dans son ensemble.
  5. Chaque groupe n’a qu’un but primordial: transmettre le message au dépendant qui souffre encore.
  6. Un groupe de NA ne devrait jamais cautionner, financer ou prêter le nom de NA à des organismes connexes ou à des organisations extérieures, de peur que des problèmes d’argent, de propriété ou de prestige ne nous éloignent de notre but primordial.
  7. Chaque groupe de NA devrait subvenir entièrement à ses besoins et refuser toute contribution de l’extérieur.
  8. NA devrait toujours demeurer non professionnel, mais nos centres de service peuvent engager des employés spécialisés.
  9. NA comme tel ne devrait jamais être organisé ; cependant, nous pouvons constituer des conseils de service ou créer des comités directement responsables envers ceux qu’ils servent.
  10. NA n’a aucune opinion sur des sujets extérieurs; c’est pourquoi le nom de NA ne devrait jamais être mêlé à des controverses publiques.
  11. La politique de nos relations publiques est basée sur l’attrait plutôt que sur la réclame; nous devons toujours garder l’anonymat personnel au niveau des médias.
  12. L’anonymat est la base spirituelle de toutes nos traditions, nous rappelant sans cesse de placer les principes au-dessus des personnalités.

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